Les cours de soutien entre nécéssité et mode…

Partager

Devenus «inévitables», les cours de soutien interviennent de plus en plus tôt et se multiplient à Béjaïa à l’instar des autres wilayas du pays.

Et ce phénomène ne peut que traduire une baisse certaine du niveau de l’enseignement public. C’est du moins ce que peut en déduire le commun des mortels. Pourtant, ce n’est toujours pas le cas. Il y a en effet beaucoup de parents qui inscrivent leurs enfants dans les écoles privées, créées en nombre ces derniers temps, qui proposent des cours de rattrapage ou de soutien. Mais il y a aussi ceux qui se sentent «obligés» de le faire pour éviter que leurs enfants ne soient «sacqués» par leurs enseignants qui sont, généralement, simultanément enseignants vacataires dans ces écoles. Oui, nombreux sont les enseignants qui, dès la première semaine de la rentrée, proposent eux-mêmes leurs services à leurs élèves. «Mon garçon est un excellent élève et pourtant, suite à la proposition de son enseignante de mathématiques, j’ai accepté de le prendre chez elle chaque samedi pour des cours de deux heures à raison de 1 000 dinars le mois. Je l’ai fait pour éviter qu’elle ne le néglige en classe si jamais je refuse de payer ces cours de soutien», avouera Ahmed, un père de famille de la banlieue de Béjaïa. Si ce père de famille, instruit, a compris «le manège des cours à sous», malheureusement, ce n’est pas le cas de tout le monde. Et c’est comme cela à chaque début d’année scolaire. «Celui qui veut venir chez moi pour des cours de soutien n’a qu’à lever le doigt». Cette phrase revient sur les lèvres de la majorité des enseignants des lycées et des collèges. Quant aux élèves du primaire, leurs maîtres leur demandent d’en parler aux parents et, souvent, on les oriente vers telle ou telle école privée. Bien évidemment, c’est dans l’école conseillée que ce même enseignant donne des cours supplémentaires les mardi après-midi et les weekends. Mustapha, un père de famille de la Vallée de la Soummam, nous rapporte ce qu’il s’est passé au début de l’année scolaire dernière dans le lycée où étudiait sa fille aînée en classe de terminale. «Le professeur de physique a demandé aux élèves de s’inscrire pour des cours supplémentaires qu’il assurait lui-même, les week-ends, dans une école privée. Suite au refus des élèves, il s’est emporté et les a menacés de ne rien leur apprendre au lycée de toute l’année. C’est vraiment indécent qu’un professeur se conduise de la sorte», s’exclame avec dépit notre interlocuteur. Il nous dira par ailleurs qu’il y a même des enseignants qui donnent des cours chez eux ou dans des locaux à peine aménagés. ‘’Euréka’’, ‘’Les mimosas’’, ‘’La belle plume’’ ou sous d’autres noms, les écoles se distinguent, mais les cours et les honoraires sont partout les mêmes. Les affiches publicitaires hantent les pylônes électriques et les abribus. Que ce soit au chef-lieu de wilaya ou dans les autres communes, des enseignants en activité, mais aussi certains à la retraite et d’ancien cadres de l’éducation, parfois associés à des hommes d’affaires, tout le monde est tenté par ce filon d’or, un créneau très lucratif. De la première année primaire à la terminale, les cours de soutien se monnaient. Au moyen et au lycée, hormis le sport et l’éducation religieuse, toutes les matières sont enseignées. Pour le primaire, on propose les trois matières qu’on retrouve à l’examen de 5e, c’est-à-dire l’arabe, les mathématiques et le français. Il est vrai que ces cours de soutien peuvent être d’un apport considérable pour les élèves, mais ce qui est décevant, c’est le fait qu’on force ces derniers à les suivre sous peine d’être recalés.

A Gana.

Partager