Saïd Krim, un tireur d’élite né

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Une stèle à la gloire du chahid Krim Saïd, a été inaugurée, dimanche dernier, à Draâ El-Mizan,en présence de la famille du martyr et d’une forte délégation de la famille révolutionnaire.

Le monument en question a été érigé par les stagiaires du centre de formation professionnelle de la localité pour «témoigner de l’attachement de la nouvelle génération aux valeureux et glorieux martyrs de la Révolution du 1er novembre 1954.» «C’est un honneur de me trouver parmi vous pour dévoiler cette modeste stèle que nos stagiaires ont réalisée. C’est un geste envers tous nos valeureux martyrs tombés au champ d’honneur pour délivrer notre cher pays du joug colonial. Quel que soit l’hommage que nous leur rendons, celui-ci est très minime par rapport à leurs sacrifices car ils avaient donné leur vie pour notre indépendance. Gloire à nos martyrs !», a déclaré, d’emblée, le directeur du CFPA, Rachid Djebari à qui est revenu l’honneur de prendre la parole en premier. Il faut dire que la pléiade des présents à cette cérémonie est à la hauteur de l’homme pour qui l’hommage est rendu. L’événement a été donc marqué par la présence aux côtés de tout ce beau monde de Tayeb L’Houari, en sa qualité de Secrétaire général de l’Onec, du chef de daïra, M. Abdelmadjid Tabet, du maire de Draâ El-Mizan, M. Mohamed Gherbi, du directeur de la formation et de l’enseignement professionnels, des autorités locales civiles et militaires de la daïra. Il est aussi à signaler la présence de la famille du chahid Said Krim (sa veuve et son fils Rachid), du frère du colonel Belkacem Krim (Arezki), du fils du colonel Ali Mellah (Amar). Le chef de daïra insistera sur le sacrifice de l’ex-commune mixte de Draâ El-Mizan dont l’histoire n’est plus à rappeler parce que toute l’Algérie lui reconnaît son engagement dans la lutte contre le colonialisme en enfantant cinq grands dirigeants, à savoir les colonels Krim Belkacem, Amar Ouamrane, Ali Mellah, Slimane Dehilès et Mohamed Zamoum dit Si Salah. «Je suis fier d’être à la tête de cette daïra historique», avant de gratifier le travail accompli par les stagiaires du CFPA : «Bravo aux élèves de cet établissement, au directeur et à tous ceux qui ont pris cette initiative pour ériger cette stèle à la mémoire du chahid Said Krim», dira-t-il. Le maire de Draâ El-Mizan saluera cette initiative et invitera l’assistance et toute la population de Draâ El-Mizan à assister à l’inauguration des cinq portraits aux effigies des cinq colonels qui seront inaugurés ce premier novembre. La parole fut ensuite donnée au Secrétaire général de l’Onec. «Je suis très content de me trouver, aujourd’hui, dans cette chère partie de l’Algérie qui a tant donnée à la révolution. C’est une fierté pour moi d’être en face de ces moudjahidine, de ces moudjahidate et de toute la famille révolutionnaire, témoins d’une grande épopée», commencera par dire M. Tayeb L’Houari. Et d’enchaîner : «nous célébrons le 63° anniversaire de notre grande Révolution. Je dirais plutôt l’unique révolution qui puisse exister à travers le monde. La Révolution de novembre, décidée par les Algériens eux-mêmes, est devenue un exemple de lutte pour tous les peuples opprimés. Aucune révolution n’a sacrifié un million et demi de chahids. Notre Révolution a été une grande réussite parce que c’est l’une des causes les plus justes de notre histoire contemporaine ». Il ajoutera que tant qu’il y a une vie sur terre, personne n’oubliera le sacrifice du peuple algérien pour son indépendance, sa liberté, la démocratie et toutes les autres valeurs universelles. «Nous devons nous incliner devant la mémoire de tous nos martyrs parce que l’Algérie a payé un grand tribut non seulement pour son indépendance mais aussi pour garantir sa sécurité et sa stabilité. Rien ne peut égaler ces deux concepts. Nous n’oublierons pas tous les sacrifices de nos forces de sécurité, des patriotes, de nos journalistes qui ont combattu le terrorisme pour sauver cette chère patrie», conclura cet orateur sous des youyous et des applaudissements nourris.

Il avait assuré la garde au congrès de la Soummam

Puis, vient le moment le plus solennel. Une fois, la stèle dévoilée, une gerbe de fleurs fut déposée devant la stèle suivie d’une minute de silence et de l’écoute de l’hymne national dans sa globalité. L’assistance a eu droit, ensuite, à des témoignages poignants non seulement sur le parcours héroïque du chahid mais aussi sur l’engagement de la région dans la lutte armée. Des cadeaux et des diplômes ont été remis aux moudjahidine, aux moudjahidate, aux veuves et aux filles de chahids. La cérémonie minutieusement préparée depuis des mois a connu un franc succès. Le chahid Said Krim est né le 25 juillet 1931 dans la commune mixte de Draâ El-Mizan et plus précisément à Tizra Aissa, dans la famille des Krim. Etant encore jeune, il travaillait dans un café que tenait son père et s’adonnait à la chasse comme les jeunes de son âge. D’ailleurs, il est devenu un tireur d’élite si bien qu’en 1955, son cousin Rabah Krim (frère de Belkacem Krim) l’enrôla dans les rangs de l’ALN. Il prit son fusil de chasse et rejoignit les maquisards dans sa région natale. Selon des témoignages, à la veille de la tenue du congrès de la Soummam, le futur colonel Amar Ouamrane qui avait pleine confiance en lui le chargea de former un groupe d’une dizaine d’éléments afin de sécuriser l’endroit où devait se tenir le congrès. Suite à cette réussite, à son retour, il fut élevé au rang d’adjudant (chef de secteur). Au mois d’avril 1957, il fut blessé dans une embuscade qui lui avait été tendue sur la route de son village vers Maâtkas. C’est en 1958 que lui fut décerné le grade d’aspirant par la commission présidée par le commandant Iddir en présence de Moh Ouali et de Rabah Krim. Said Krim participait pratiquement à toutes les batailles du secteur allant de Draâ El-Mizan jusqu’à Bounouh. Un élément très important mérite d’être signalé, en guise de représailles à l’encontre de l’organisation et de la famille Krim, l’aviation coloniale bombarda le village Rabets durant l’opération jumelles où furent tués sa mère, sa belle-sœur, et surtout son fils Slimane troué de balles sur le dos de sa mère. À ce sujet, le témoignage de la veuve du capitaine feu Oudni Aomar dit Si Moh Nachid a été révélateur et a touché toute l’assistance, l’on pouvait apercevoir des larmes couler sur certains visages. D’ailleurs, le burnous que portait l’enfant fut montré à l’assistance. En février 1959, il tendit une embuscade à l’ennemi et plus exactement à Kerouane au lieu-dit Tunnel de Guergour dans la région de Draâ El-Mizan. Celle-ci se solda par beaucoup de morts et de blessés. En dépit de sa vigilance et de sa vaillance, il décéda le 18 août 1959 à Frikat dans une bataille, alors qu’il se réunissait avec ses éléments.

Amar Ouramdane

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