Timezrit, la commune oubliée

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Rien ne va plus à Timezrit, une commune située à plus de 900 mètres d’altitude à l’extrême sud-est de Boumerdès. Il s’agit de l’une des localités les plus pauvres de la wilaya qui continue de survivre grâce aux aides de l’Etat. Des paysages féeriques, un chômage galopant et rien à l’horizon. L’on ne compte pas d’entrées en fiscalité en raison de l’absence de zones d’activités qui permettraient d’embaucher les jeunes de la région. La localité souffre du manque d’infrastructures publiques et de la paralysie d’un nombre de projets relatifs à l’amélioration du cadre de vie des citoyens. L’on citera, loin d’être exhaustif, certains de ces projets qui peinent à être lancés pour diverses raisons. Le projet de réalisation d’une maison de jeunes n’a pas pu se concrétiser. Le manque de foncier en serait la cause. Selon un ex-élu, le projet devait être réalisé sur un terrain, mais un villageois s’était opposé à sa réalisation, arguant être propriétaire du terrain. Aussi, Timezrit est l’unique commune de la wilaya qui n’est pas dotée d’un stade communal. Les jeunes de la région jouent au niveau d’une aire de jeux située aux abords de Taawint Tassemat, un lieu où a sévi le terrorisme. À défaut, la frange juvénile se rabat sur les cafétérias pour passer le temps. Le manque du foncier et la multiplication d’oppositions de propriétaires terriens ont fait de Timezrit la commune la plus sinistrée et la plus pauvre dans toute la région. Ces deux facteurs entravent le développement local. Plusieurs projets d’équipements publics n’ont pas vu le jour après leurs inscriptions en raison de l’absence d’assiettes foncières. En plus de la nouvelle maison de jeunes, les projets de bibliothèque communale, d’un CFPA, d’une salle omnisports et d’un programme de logements sociaux locatifs, ne sont toujours pas lancés à cause de déficit en foncier qui frappe la localité. Il a fallu, à titre d’exemple, près de six ans pour lancer les travaux de construction d’un lycée, ayant fait objet d’oppositions de citoyens prétendant être des propriétaires de l’assiette choisie. Malgré son lancement, le projet souffre depuis 2014, et les lycéens de la région continuent à rallier les établissements des Issers et de Bordj Menaïel pour poursuivre leur cursus du secondaire. Même les 100 locaux du Président ont été transférés à la commune des Issers, de même pour le projet des 150 logements sociaux qui a été transféré vers une autre commune. Des élus font ainsi savoir que si la situation n’est pas réglée, notamment au niveau des domaines, la commune ne bénéficiera plus de projets à l’avenir. Dans un autre volet, l’on dénonce le problème de la distribution de l’eau potable auquel fait face la population locale, particulièrement en été. Les habitants s’approvisionnent à partir de quelques sources naturelles de la région ou se rabattent sur le remplissage de citernes à eau à 1 500 DA l’unité. Le projet du raccordement en eau potable peine à voir le jour. Il porte sur le raccordement au système de dessalement de l’eau de mer de Cap Djenet, un projet touché par l’austérité du temps de Sellal. Les travaux de revêtement de la route principale de la commune, le CW 151, peinent à être lancés. Car, l’entreprise en charge des travaux fait face à des difficultés, notamment d’oppositions. Le projet de raccordement des habitations au réseau du gaz naturel est également bloqué. Les habitants devraient donc passer un autre hiver sans cette commodité, qui est pourtant un droit des plus légitimes. Pour expliquer ce blocage, un élu dira que ce projet est victime de la rigueur budgétaire. Pourtant, soutient-il, une rallonge financière avait été octroyée au projet mais il n’est toujours pas relancé. Pour un autre élu, la commune nécessiterait l’élaboration d’un plan Marshall pour l’extraire de son sous-développement. Ainsi, faire sortir de l’ornière la population de la commune dont le nombre avoisine les 11 000 âmes éparpillées à travers une quinzaine de villages dépourvus de toutes commodités de vie. Les habitants appellent à l’intervention des hautes autorités du pays pour les sortir de l’isolement qui ne cesse de s’accentuer.

Y. Z.

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