L’incinération des déchets verts à bannir

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Le procédé de l’incinération des déchets végétaux auquel recourent les agriculteurs depuis la nuit des temps est un sérieux facteur de déclenchement de feux de forêts.

Même si la pratique bénéficie à l’activité agricole, ses retombées négatives sur l’environnement et la filière elle-même ne sont pas à sous-estimer. Les régions qui procédaient à l’incinération comptent généralement un couvert végétal dense, qui profite aux éleveurs. Dans le vaste massif forestier de Mizrana, au versant littoral de la wilaya de Tizi-Ouzou, la pratique était jusqu’à une époque pas très lointaine largement répandue. Les populations cultivaient le réflexe de brûler les herbes sauvages qui couvrent les pâturages pour permettre à un nouveau couvert végétal de pousser. C’est l’aliment principal de leur bétail. En effet, les fellahs, dont l’élevage est l’activité principale dans cette région agropastorale, commencent par brûler ces herbes dès les premières pluies automnales, coïncidant généralement avec la dernière décade de septembre. Les habitants des villages de ce massif savaient maîtriser ces feux. Brûlant le couvert végétal jauni par la chaleur, les flammes ne prenaient presque jamais dans les chênes lièges qui couvrent le massif de Mizrana. Quelques semaines plus tard, la végétation repousse d’une verdure presque printanière. À certains endroits, comme les hauteurs du mont Mizrana, Tala Toughrast, Aït Saïd et Tivecharin, il se forme des étendues vertes qui ressemblent aux plus belles prairies des plaines. Mais ces dernières années, bien que l’incinération des déchets verts soit toujours appliquée, beaucoup d’éleveurs évitent d’y recourir. Les raisons sont multiples et connues des habitants de ces beaux villages. Dans le temps, les feux ne trouvaient sur leur chemin que l’herbe sèche. Les flammes les brûlent sans prendre dans les arbres qui couvrent le massif. Mais, à présent, l’absence de décharges contrôlées et la pollution tous azimuts ont fait que les forêts sont jonchées de divers déchets, comme les bouteilles et cannettes, les sachets en plastique et les cartons. Hautement inflammables, certains détritus, comme les bouteilles en verre, peuvent provoquer des catastrophes en cas de départ de feu. La liste des produits dangereux est longue, affirment les habitants avisés. Et même quand les habitants recourent à l’incinération, les feux sont déclarés dans des zones réduites de quelques centaines de mètres, sachant que le massif de Mizrana connaît une extension effrénée des villages à cause de sa densité démographique galopante. Autre raison dissuadant de brûler les déchets végétaux tapissant les prairies : les éleveurs de la région s’éloignent de plus en plus du mode d’élevage traditionnel. A présent, ils ne sont plus obligés de s’approvisionner depuis les pâturages et autres champs en foin et en aliments pour leur cheptel. Les aliments industriels sont disponibles à profusion et le foin s’achète au marché.

Akli N.

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