Le douar Tazmalt se vide

Partager

Douar Tazmalt est l’appellation coloniale d’un ensemble de sept villages (Taourirt, Tansaout, Ouled d’Hacene, Aït Allouane, Aït Hlassa, Aït Saïda, Talefsa) situés sur la rive sud de l’oued Sahel. Cet ensemble appelé communément Douar d’Aït Mhend ou Moussa est situé entre trois chefs-lieux de commues qui sont : au sud la commue d’Ighil Ali, village natal des célèbres Amrouche, à l’ouest se trouve la commune d’Aït Rzine connue pour son artisanat et ses artistes, enfin à l’est le chef-lieu de la commune à laquelle ces villages sont rattachés : Boudjelil. Quand on visite ces villages bercés par les chants des oiseaux et la beauté des collines sur lesquelles les oliviers centenaires squattent l’espace jusqu’aux pieds des rochers, une clarté envahit tout esprit brouillé par le tumulte des grands centres urbains : c’est un lieu de repos et de méditation par excellence.Ce tableau féerique est noirci malheureusement par une réalité abrupte qui décourage les plus hardis des habitants à la recherche d’un standing de vie un tant soit peu acceptable eu égard au progrès du siècle présent.Ces villages ont participé à tous les soulèvements qu’a connus la région d’Aït Abbas à commencer par le soulèvement d’El Mokrani et la glorieuse guerre d’indépendance offrant aux uns et aux autres assistance, volontaires et martyrs dans un élan désormais coutumier au service de toutes les causes justes passées et présentes. Aujourd’hui les gens militent pour l’amélioration de leur quotidien car le progrès est une demande sociale inéluctable si l’on veut stabiliser la campagne algérienne.Beaucoup de choses ont été réalisées par les autorités locales entre autres la réalisation d’écoles primaires, une agence des PTT, l’ouverture des pistes agricoles, une antenne d’APC, un réseau d’alimentation en eau potable et la création d’emplois dans les différents services de la commune. Le manque de moyens de transport rend tout déplacement périlleux car les transporteurs ne desservent pas cette région car la route qui mène de Taourirt à Guendouze est impraticable et nécessite en urgence un revêtement neuf, car telle qu’elle est même les plus téméraires des «clandestins» refusent au prix d’or de la prendre. Comment faire alors quand on veut se déplacer au centre de soins le plus proche pour une injection ou un vaccin ? Impossible sans la solidarité réputée de ces villageois et pourtant une construction devant accueillir un centre de soins existe mais allez savoir pourquoi elle demeure non-fonctionnelle. Le réseau d’assainissement est à moitié réalisé car les eaux usées sont déversées directement sur la chaussée dégageant une odeur désagréable pour les riverains ; de même que celui d’eau potable auquel manque un réservoir pour les villages Taourirt et Tansaout car ils sont alimentés par une pompe qui met les conduites sous forte pression causant des fuites par suite d’éclatement et des pertes du précieux liquide ainsi que l’argent qu’il faut débourser pour les réparations.Dans les villages, aucun loisir n’existe pour les jeunes même pas un cybercafé ni aire de jeu, les obligeant à un déplacement de cinq kilomètres à pieds pour avoir le minimum de commodités : CEM, lycée, cybercafé, KMS, vidéothèque… Cette situation pousse les jeunes à partir vers Alger ou ailleurs pour vivre mieux, des familles entières construisent ou achètent ailleurs des habitations vidant ainsi nos villages pourtant pas trop isolés : les meilleurs, les plus riches partent, il n’y a que ceux qui ne peuvent pas partir qui restent. On dit qu’il n’y a que les morts qui reviennent pour y être enterrés.

Arab Youcef

Partager