Un hameau isolé

Partager

“Sois le bienvenu. Notre village ne diffère point de la majorité de ceux de la Kabylie. Nous n’avons que notre isolement et notre misère à vous exposer”, ironise Kamel, un citoyen du village El Maâden, de la localité de Tala Bouzrou dans la commune de Makouda. Pour pénétrer ce petit village perdu dans le brouillard en ce temps hivernal, nous avons emprunté une piste tortueuse et impraticable par endroits. “Je me sens obligé de refaire la suspension de ma voiture au bout de quelques mois seulement”. fulmine notre guide. Dans cet hameau, près de 1000 âmes y habitent. Le minimum vital, dont il dispose, a été réalisé par les habitants eux-mêmes. Aucune infrastructure, aucun autre signe qui nous indiquera que nous sommes dans une République et que cet hameau est lié à une quelconque administration.Dans une placette, qui semble être le terminus de la route, il y a un commerce. Certains s’y affairent à transporter sur le dos des bonbonnes de gaz, en prévision de la nouvelle vague de froid annoncée pour ce soir. Cette boutique est aussi un lieu de regroupement pour certains jeunes et d’autres personnes âgées. On y achète, on consomme sur place et on cause pour tuer l’ennui et oublier, ne serait-ce que pour un temps, le “néant” du village.En discutant, notre accompagnateur est interpellé, par un sexagénaire. En revenant, il nous explique qu’il a été sollicité pour lui faire lier une correspondance, portant sur sa retraite qu’il touche de la France. On aurait du mal à imaginer l’état de ce village, sans ses petites pensions en devises qu’une bonne partie des personnes âgées touchent. Comme cet hameau, il existe sept autres dans cette localité, entre autre Tignatin, Aït Ali, Tamyizt, Ibakouken, etc, et en plus de l’absence de l’assainissement de l’eau régulièrement, des coupures fréquentes d’électricité. La grande partie des jeunes est sous l’emprise d’un chômage endémique. Certains, qui ont la chance d’obtenir un visa, sont en France, en tentant leur chance de réaliser leurs rêves dans ce pays lointain. Le reste se contente du ramassage d’olives, d’un petit élevage de bovins ou de s’adonner à l’activité de casseur et de tailleur de pierres, “une profession”, dont le village est réputé. Une placette a été réservée à ladite activité, à l’entrée du village. Des lots de pierre taillées et d’autres en attente d’être traitées y sont stockés, en attendant des acheteurs éventuels. Pour mieux rentabiliser leur activité en gagnant du temps, les jeunes tailleurs de pierres ont laissé de côté les moyens traditionnels, en introduisant des outils modernes, tels que la tronçonneuse. Mais Kamel s’inquiète des conditions dont ses co-villageois exercent leur métier : “Le métier est dur, en plus, ils travaillent sans moyens de protection contre les poussières et autres et cela représente un danger pour leur santé”, nous dit-il. Dans ce village, il faut être dur et persévérant telle qu’une roche pour y survivre. Il n’y a que le calme et l’air pur qui rafraîchissent les esprits. Pour le reste, on rêve et on attend. Peut être qu’un jour, les choses changeront ?

M. M.

Partager