La récolte en fourrage compromise

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Après un hiver des plus rudes on a l’impression que l’opération de fauchage est entamée prématurément, cette saison à M’chedallah. En effet, les paysans ont eu recours aux outils de fauchage (faux et faucilles) dès la fin du mois d’avril, vu que les pluies escomptées en cette période cruciale pour l’agriculture se sont volatilisées. Alors que quelques jours d’un soleil de plomb sont suffisants pour la cuisson du fourrage (avoine en particulier). Pour les bonnes saisons avec un printemps pluvieux, cette campagne n’est lancée qu’à partir de la deuxième semaine du mois de mai, soit après le passage de l’orage, communément connu sous le nom de «Taqegmurt n Maggu», où le tronc du mois de mai. On racontait que nos aïeux ne rangeaient jamais leurs «canouns» après la fin de l’hiver. Ils prenaient toujours le soin de cacher, ou de laisser un tronc de bois, spécialement pour se prémunir contre la vague de froid attendue souvent au mois de mai. Ce n’est qu’à partir de cette date qu’ils changeaient leurs habitudes vestimentaires, donc, c’est l’été qui s’installe. D’ailleurs, une autre tradition est pratiquée juste après. Elle est connue sous le nom «Taffelucht n Maggu», où la balayette du mois de mai. C’est une opération qui consistait à procéder au nettoyage de la grande maison kabyle d’antan de toutes ses poussières et fumées de toute une saison, à l’aide d’une balayette d’Alfa.Pour cette année, bon nombre d’agriculteurs (exploitants des ex-biens vacants) ont préféré carrément louer leurs parcelles aux éleveurs d’ovins débarquant des régions arabophones de la wilaya avec leurs troupeaux, à la recherche de pâturages. Ces bêtes voraces viendront à bout de cette verdure dans les jours à venir.Questionné sur les motifs qui l’on poussé à recourir à cette solution facile, «Da Mohand», un vieil agriculteur, nous dira : «Je préfère plutôt louer cette récolte pour servir de pâturage au lieu de procéder aux différentes opérations de fauchage et de bottelage. En faisant un simple calcul mathématique, on se rend compte que le prix de revient d’une botte de foin me revient plus chèr que son prix d’achat sur le marché. Il faut payer 800 DA / Jour comme prix de fauchage, vu que par endroits, les moyens mécanisés ne peuvent pas être utilisés. Ensuite, le rouleau de fil de fer, de 80 kg, d’une qualité médiocre, coûte 11000 DA.A cela, il faut bien sûr additionner les frais de bottelage, de ramassage et du stockage. Comme ça, je suis tranquille, et puis, j’ai bénéficié d’un fumage gratuit pour mes terres».C’est un raisonnement qui parait logique mais aux conséquences désastreuses pour les éleveurs de la région. Le prix d’une botte de foin coûtera certainement plus chère au marché, dans un avenir proche.

Farid A.

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