Timechret pour pérenniser tagmat

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Jeudi dernier, dans la commune d’El Esnam, et plus précisément au village Aqemqum, nous avons assisté à l’organisation d’une grande kermesse qui a drainé beaucoup de monde. Voulant savoir le mobile de l’organisation d’une telle action, Amar A. nous apprend que : «avant, nous organisions ce genre d’activité presque tous les deux ans. Mais cette fois-ci nous avons pris du retard eu égard aux évènements sanglants qu’à connus la kabylie, notre objectif est de réunir les gens. D’ailleurs, aujourd’hui, nos concitoyens sont venus d’Alger et même des autres grandes villes du pays. Ce n’est pas la viande qui les intéresse, mais ils tiennent eux aussi à pérenniser le lien qui les rattache à la famille». Ainsi, c’est le Aârch At Maâmar, du village Aqemqum auquel sont affiliés trois grandes familles à savoir At Ouali, At Touchart et enfin At Abdelhaq qui se sont rencontrés dans le lieu saint appelé «lemqam uqemqum». A cette occasion, le comité de ce village dont la mission est de prendre en charge les problèmes et autres préoccupations de «taddart», a organisé Timecret, 18 bœufs ont été sacrifiés ce jour-là et sont répartis sur 1200 parts. Cependant, d’un village à un autre la gestion de cette zerda diffère. Dans ce lieu, chaque citoyen aura sa part, mais ce dernier est redevable d’une somme qu’il doit verser. Contrairement aux gens de Raffour par exemple qui distribuent la viande gratuitement. Chez At Yaâla, après avoir confectionné la liste de tous les membres du Aârch, des volontaires achètent le nombre estimé de bœufs à sacrifier avec leur propre argent. Le jour de la fiesta, on prépare les parts et les sages du village, à l’aide d’un mégaphone, créent une ambiance de fête. On entend que des prières et les dictons de sagesse et de bienfaisance adressés aux gens venus leur remettre des dons, on nous apprend que près de 70 millions de centimes ont été collectés à titre de dons. Puis, la différence sera versée par les citoyens, à l’exception des démunis qui ne sont pas appelés à contribuer. Leurs parts sont prises en charge par les villageois. Enfin, cette ducasse qui cible plutôt l’aspect social qu’économique est l’un des paramètres qui a contribué depuis l’antiquité à mettre en place une organisation sociale que les différents colonisateurs n’ont pu détruire. Et chose que nul ne peut nier, à chaque fois que la kabylie est menacée, ce sont ces structures de Aârch qui refont surface pour la défendre.

M. Smail

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