Le poids de la misère…et la misère des autorités

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Avec ses 13 000 habitants, Melbou étouffe sous le poids de la chaleur caniculaire de ce début de ramadhan mais aussi sous celui de la misère qui gagne de plus en plus du terrain dans cette coquette station balnéaire classée parmi les plus démunies de la wilaya de Béjaïa par la cellule de proximité où malheureusement les différents maires qui se sont succédé à sa tête n’ont fait que de la politique partisane. Des travailleurs retrouvés dans la rue après la faillite des entreprises, grossissent les rangs des chômeurs, un pouvoir d’achat de plus en plus bas ne trouvent en face que ces aides sociales- Ô combien se font désirer- et ce couffin de ramadhan véritable planche de salut distribué par la commission sociale de l’APC. En effet, l’augmentation inquiétante des familles démunies se confirme avec acuité devant une situation de précarité sociale caractérisée par le spectre du chômage qui a fini par avoir raison de plus de 70 % de la population ciblant les jeunes qui n’ont de refuge que les cafés maures pour tremper le spleen et la morosité de leur quotidien. L’inexistence d’un cadre de vie adéquat (exiguïté du logement, pas d’eau courante dans certains villages à l’instar de Tarikt, Imelouieche et Tasefaft problème du gaz et autres commodités), qui se généralise au point où l’explosion sociale que connaît la région s’en trouve d’emblée largement expliquée et ses causes prédéfinies. “Le nombre des familles nécessiteuses est en constance augmentation alors que l’aide sociale est- quand elle existe- dérisoire et mal distribuée”, témoigne un citoyen de la périphérie. L’absence d’une politique de prise en charge dans le cadre des différents organismes mis en place par l’Etat, à savoir Le Croissant-Rouge algérien avec cette fameuse aide accordée aux veuves, aux divorcées et aux pères de familles ayant deux à sept enfants à charge, la DAS, l’IAIG, l’AFS ainsi que les associations caritatives qui ont fini par rendre l’âme faute de subventions. “La maîtrise des opérations d’aide sociale passe inéluctablement par une réorganisation à la base au niveau des APC, du premier maillon de la chaîne de solidarité”, ajoute notre interlocuteur. Des cas dramatiques : La misère sociale à Melbou a ses lieux-dits qui proliférèrent et poussent telles une herbe folle en plein printemps dans les différents quartiers d’une grande concentration urbaine à l’instar de Tizi Eloued, Taâhmilt, Boulzazene, Ahrik, Tarikt, Tasefsat, Sahel, et le chef-lieu de la commune. Une cartographie sommaire de la concentration des familles pauvres est illustrée par les demandes d’aides déposées auprès des services concernés. Les autorités dos au mur : Bien que la région dispose d’un terrain important pour la mise en place d’un programme de logements sociaux dans le cadre de l’OPGI pouvant répondre à la demande des citoyens, la commune n’a distribué qu’un quota ne dépassant pas -au grand dam des riverains- les 150 logements au moment où sous d’autres cieux des milliers d’heureux bénéficiaires n’ont pas trop souffert pour y accéder parce qu’ils sont Algériens. La dernière attribution qui a mis à nu l’incompétence des responsables locaux, remonte à plus d’une année lorsqu’une commission présidée par le chef de daïra a procédé à l’attribution de 90 logements après le forfait des élus qui n’avaient pas eu le courage d’y mettre le holà. “C’est un dossier très chaud : d’ailleurs je pars en congé !”.

Par ailleurs il est à signaler que tous les terrains sont vendus aux entreprises privées pour la réalisation des logements socio participatifs accessibles exclusivement à la couche aisée ainsi qu’aux émigrés qui les occupent que pendant la saison estivale pour se retrouver dans une ville fantôme après leur départ. Autrement dit, des logements de vacances !

L’emploi de jeunes et le filet social, l’autre chimère : Le nombre inquiétant des jeunes éjectés par les établissements scolaires renseigne sur une situation des plus alarmantes qu’ils endurent dans l’indifférence la plus totale. Livrés à eux-mêmes, ils n’hésitent pas de pointer un doigt accusateur en direction des affaires sociales pour les critères de l’attribution des postes budgétaires de l’emploi de jeunes et le filet social dont la commune est destinataire et qui demeurent très loin à subvenir à la demande. “Si les responsables de l’Education nationale prêchent à partir d’El Mouradia le “tout va bien” du secteur, nous, nous disons que rien ne va.

A16 ans- et un jour ! – on nous jette dans la rue sans aucun avenir et voilà que même ces emplois cache-misère nous enfoncent davantage dans l’incertitude”, nous a fait savoir un jeune de la localité d’Ahrik. Et d’ajouter : “Compte tenu des réponses de la commission chargée de ce volet au niveau de l’APC qui recourt au système de “tour de rôle” pour satisfaire un tant soit peu un certain nombre de demandeurs, la DAS est seule responsable sur l’état des faits et c’est d’elle seule qu’émanera désormais le dénouement”.

Devant cette situation qui interpelle plus qu’une conscience, l’APC est toujours bloquée et rien n’augure une éventuelle réconciliation entre élus. Où est donc cette : Algérie et cette démocratie majeure dont rêvait Lounès Matoub ? Lui qui disait : “Lekbayl aka gan gar asen i ttmeccan win iw m u fkane amkane m ig wala gmas ath yerkedh”. Ahbouh ?

Rabah Zerrouk

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