Une récolte exceptionnelle s’achève

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Ahcène, fonctionnaire, qui a pourtant épuisé son congé annuel dans les champs, n’a pas encore fini de récolter, bien que toute la famille soit engagée dans ce travail méticuleux et ardu : “Nous poursuivrons jusqu’au 10 avril, ensuite nous serons bien obligés d’arrêter parce que l’herbe est déjà assez haute et recouvre les grains, rapetissés et séchés par le soleil”. En fait, sur les 1 125 ha à Larbaâ Nath Irathen, il reste encore quelque 50 ha à récolter, essentiellement à Aït Frah et Aït Atelli. Par contre, à Aït Aggouacha à potentialités bien moindres, les champs se sont vidés. Idem pour Aït Oumalou où toute la production est déjà triturée.

Une production en hausse

Depuis le début de la campagne de récolte, le taux d’extraction d’huile va crescendo. De 12 litres par quintal, il a progressé jusqu’à atteindre actuellement 22 litres. Les dernières presses de fin mars (une presse porte 270 kg d’olives) ont donné jusqu’à 70 litres ! De quoi encourager la poursuite de la collecte jusqu’à épuisement. Le conditionnement de l’huile a changé. Jadis, ce produit si précieux était conservé dans d’énormes jarres en terre cuite (achvali) scellées par de l’argile et dans de plus petites (thakhavith) à partir desquelles on puise la ration journalière. Même après deux ans, l’huile conserve ses qualités organoleptiques. Mais le plastique règne actuellement en maître dans les maisons. On ne sait pas encore les effets des fûts en plastique sur la qualité du produit. Par ailleurs, la plupart des fûts n’ont pas été conçus spécialement à cette fin, on voit couramment des récipients ayant contenu des produits chimiques, peintures ou autres, reconvertis dans la conservation de l’huile. Comme le stockage dans le plastique s’est généralisé dans toute la Kabylie et ailleurs, il est urgent d’initier des études sur les probables incidences de ce conditionnement.

La culture de l’olivier à Larbaâ Nath Irathen est immémoriale. Cet arbre s’impose à la vue dans le paysage en de vastes étendues jusqu’à des altitudes de 800 m. Rustique, il résiste à la sécheresse, aux maladies, et même à la négligence humaine. Il est presque pathétique de voir des arbres complètement cernés par la forêt porter tout de même une abondante production ! Néanmoins, la modernisation de sa culture est une nécessité si l’on veut transmettre le goût de cette culture aux générations futures. Dans ce but, trois axes principaux se dégagent sans être exhaustifs.

Lacunes…

D’importantes opérations de désenclavement ont été initiées par les services agricoles. Mais l’entretien des pistes dévolu aux collectivités locales laisse parfois à désirer. Pourtant, il suffit souvent d’un simple passage d’engin pour déblayer, d’une équipe pour curer les fossés et les ouvrages busés. Quand cela n’est pas fait à temps, les eaux de ruissellement provoquent de spectaculaires dégradations, empêchant l’accès mécanique aux parcelles, les agriculteurs échaudés deviennent rétifs à toute nouvelle proposition d’ouverture. Les oppositions, justifiées ou irréfléchies sont légion.

Il faudrait donc que les municipalités jouent le rôle d’entretien qui leur est dévolu afin de rassurer la population rurale. Le deuxième axe concerne le renouvellement du verger.

La plupart des oliviers sont âgés, mis en terre ou greffés par les ancêtres. Il y a des oliviers pluricentenaires ! Les plants de pépinières rencontrent parfois des problèmes d’adaptation dans des sols peu profonds et secs. La greffe est par contre une méthode fiable. Elle permet de repeupler le verger à partir d’oléastres déjà en place ou même transplantés d’un endroit aux conditions semblables de sols et d’exposition. La taille de regénération permet d’allonger d’environ quarante années la vie productive d’un arbre. La commercialisation du produit est également un volet important. En l’absence d’un circuit organisé de commercialisation, l’huile d’olive prend des chemins incertains. Cela ne garantit ni un juste prix pour le producteur et le consommateur ni une qualité optimale. La labellisation annoncée est une initiative intéressante, de sorte qu’elle pourra constituer le prélude à une organisation commerciale de la production d’huile d’olive et à une amélioration des conditions de trituration et de stockage.

M. Amarouche

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