Rideaux baissés, ville morte

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Cette journée du vendredi 23 octobre ne s’effacera pas de sitôt, sinon jamais de la mémoire des Souk El Teninois, une journée qui marquera gravement les esprits, d’une manière spontanée, tous les rideaux sont baissés, toutes les portes sont fermées et tous les étalages ont disparu. Rien ne fonctionne, la vie semble vouloir s’arrêter et la ville se laisse mourir subitement. Rien de perceptible sauf cette tristesse accablante, ces longs soupirs anxieux et surtout cette colère mélangée à l’incompréhension qui s’affiche sur tous les visages. Les paisibles citoyens de la localité accablés par une effroyable mélancolie ne savent plus à quel saint se vouer. Il faut dire que le massacre d’Ighil ou Menchar où sept pères de familles ont perdu la vie a marqué tous les esprits et l’objet de tous les questionnements. Pourquoi s’en prendre à de paisibles pères de familles qui ne voulaient que gagner le pain de leur progéniture ? Une interrogation qui revient sur toutes les lèvres et qui demeure sans réponse. De toutes les manières, le décor de toute la cité est apocalyptique rappelant tristement les souvenirs cauchemardesques de la décennie noire. Après la prière du vendredi, une foule impressionnante s’est dirigée vers le carré des martyrs du village de Sidi Ali Moussa, un lieu que l’on ne peut rejoindre en voiture car la route était simplement saturée, des kilomètres de bouchons se sont formés et il fallait compter sur ses jambes pour assister à l’enterrement qui s’est déroulé en présence du premier magistrat de la wilaya, de l’ensemble des responsables administratifs et sécuritaires de la wilaya, du chef de daïra de Maâtkas et de l’ensemble des élus locaux des deux communes (Souk El Tenine et Maâtkas). Après la prière de la Djanaza et le dernier adieu, les sept dépouilles mortuaires de Aribi Amar, Takharboucht Ahmed, Rabhi Amar, Sbaâ Said, Kadour Sadek, Ounadi Amar et Chaouadi Amar le plus jeune d’entre eux, recouvertes de l’emblème national sont acheminées vers le carré des martyrs du même village puis enterrées côté à côte comme ils ont été assassinés dans la matinée du jeudi. Dans une ambiance de recueillement, de deuil et de stupeur. Quant à la ville de Souk El Tenine, elle demeurera ville morte même après l’enterrement, signe de compassion et de solidarité avec les familles des victimes. Pour éviter ce genre de carnage, il est impératif de redoubler de vigilance, de redéployer les forces de sécurité sur le terrain et de réactiver les mécanismes sécuritaires appliqués pendant la décennie noire.

B. L.

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