Purification, soins et détente

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La pratique du Hammam remonte à la nuit des temps. Selon toute vraisemblance, elle serait héritée de l’empire romain (fameux thermes de caracola datant du IIIe siècle).

Mais cette coutume séculaire ne semble pas être l’apanage exclusif des civilisations romaines et grecques, puisque les Indiens d’Amérique et les Scandinaves se sont intéressés de tout temps au thermalisme. A l’origine, la fonction première assignée au Hammam était la purification du corps, condition fondamentale de toute pratique religieuse, notamment la prière, le jeûne du Ramadhan ou encore l’accès aux lieux de culte.

C’est la raison pour laquelle le thermalisme sera adopté par les musulmans et se développera au rythme de l’expansion de l’islam, aussi bien au Maghreb qu’en Espagne ou encore au Moyen-Orient. C’est ainsi que le Hammam est considéré par les dévots comme “l’épilogue de la chair et le prologue de la prière”.

De nos jours, cette pratique coutumière est toujours présente dans les mœurs. Le Hammam Sidi Yahia, dans la commune de Bouhamza, illustre bien la notoriété du thermalisme. Bien que lové au milieu d’un massif montagneux difficile d’accès, il n’en continue pas moins de drainer à longueur d’année une foule de visiteurs qui viennent y faire trempette n’omettant pas au passage d’implorer la bénédiction de Sidi Yahia El Aidli, de lui témoigner leur déférence ou simplement d’étancher une soif d’évasion. Mais abstraction faite de toute considération d’ordre spirituel ou croyances, ce sont surtout les vertus curatives prêtées à son eau de source qui attire le plus les visiteurs. A ce titre, les cures thermales auraient des effets salutaires sur la pathologie rhumatismale, en particulier les rhumatismes dégénératifs (arthrose), tout comme elles seraient indiquées pour les séquelles de fractures en facilitant la rééducation ainsi que le traitement de certaines dermatoses. “Depuis que je viens ici, j’ai constaté une rémission tangible et je prends beaucoup moins de médicaments qu’avant”, nous dira un vieillard traînant une sciatique rebelle. “En s’engouffrant dans le hammam, on astreint ses poumons à une véritable gymnastique respiratoire avec, au bout, une amélioration palpable des performances de cette fonction vitale”, analyse pour sa part un quadragénaire ventripotent qui nous dit traquer depuis de lustres un emphysème. Lieu de purification, de soins et de détente, hammam Sidi Yahia est aussi un lieu social par excellence. On raconte que souvent, dans cet établissement des amitiés se nouent des négociations d’affaires ébauchées, des conflits familiaux réglés…

N. Maouche

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