L’enfer du décor

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Un zeste d’indifférence, un soupçon de négligence, un brin de pyromanie. Mélangez le tout, vous obtenez un cooktail explosif, à même de réduire à néant des immensités boisées. Et quand le sirocco, avec ses coulées d’air brûlant chargé de sable, se met de la partie, c’est la quadrature du cercle.Les services de la Protection civile, aussi armés soient-ils et avec la meilleure volonté du monde, ne peuvent, hélas, que constater les dégâts ou, au mieux, en limiter l’étendue, face à la multiplicité et l’itérativité des départs de feu. La wilaya de Bgayet vit un été 2005 tout feu tout flamme, qui a étendu son empire des grands massifs forestiers jusqu’au moindre petit bosquet. Nulle région n’est épargnée. Des villages entiers évacués. Ceux qui ont la chance d’échapper au sinistre vivent au rythme de volutes de flammèches et de pluies… d’escarbilles. Résultat des courses : des centaines d’hectares de parcours verdoyants partis en fumée. Le bilan reste ouvert, la saison estivale étant loin d’atteindre son terme et les facteurs déclenchants – action anthropique et conditions climatiques – concourent plus que jamais, dans une totale synergie à transformer les écosystèmes forestiers en contrées glabres et désolées. Les ponctions à répétition sont très dommageables aussi bien pour le patrimoine sylvicole que pour les vergers, oléicoles, notamment. Nombre de paysans ont eu, en effet, à déplorer des pertes de centaines d’arbres. Une perte sèche, quand on sait que l’assurance agricole n’est pas ancrée dans les mœurs.Même les propriétaires de poulaillers n’ont pas été épargnés par la chaleur infernale générée par les incendies. Il a été relevé une hausse sensible de mortalité chez ces gallinacés qui n’ont pas survécu aux pics de température ayant taquiné les 50 °c.

Nacer Maouche

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