Avec 100 kilomètres de côte, le poisson est insuffisamment produit à Béjaïa, si l’on se réfère à la hausse des prix vertigineuse qui frappe toutes ses variétés.
La sardine qui, à défaut de viande, constituait dans un passé récent l’essentiel du plat du pauvre est devenue aujourd’hui inaccessible pour les smicards. Pourtant, cette denrée précieuse domine presque tous les plats culinaires du terroir. Aux quatre coins de la capitale des Hammadites, dans les petites villes et villages de la wilaya sont exposées à la vente quelques variétés du poisson. Avant, il y en avait pour tous les goûts et toutes les bourses, contrairement à ces dernières années où les prix de la sardine ont pris un envol en flèche atteignant cette année un pic de 350 dinars le kilogramme. Dans ce contexte, beaucoup de Bougiotes témoignent que de mémoire d’homme, jamais les hausses précédentes n’ont atteint un tel sommet. Ces hausses vertigineuses des prix ont touché en premier lieu la basse classe, ce qui a fait dire à un citoyen que désormais, il se contente d’«admirer» les étals. L’année passée aussi, la sardine était cédée à des prix très élevés. «Bien que j’habite à Béjaïa ville, l’année passée j’était resté plusieurs mois sans goûter au poisson. Un repas avec un kilo de sardine à 350 dinars auquel je dois ajouter de la farine et de l’huile indispensables pour la friture, est au-delà de mon pouvoir d’achat. Je ne parle pas des autres variétés comme la crevette et le rouget, qui sont depuis la nuit des temps inabordables pour les petites bourses», dira un citoyen de la ville. Mais le poisson est loin d’être uniquement le plat des citadins, les montagnards aussi en sont des consommateurs, ce qui fait que la hausse des prix de la sardine est ressentie même dans les contrées les plus reculées. «Les citadins trouvent anormal que les prix de l’huile d’olive connaissent une augmentation, mais ont-ils songé aux prix effarants des autres viandes blanches : la sardine à 350 da/kg, le poulet à 340 da/kg, ou encore les œufs vendus à 320 dinars le plateau, un luxe pour les ruraux», a ajouté notre interlocuteur. Les professionnels de la pêche tentent d’expliquer les augmentations de la sardine en en affirmant que le poisson s’est raréfié en mer, ou du moins dans la côte béjaouie. Pourtant, les pouvoirs publics ont investi énormément à Béjaïa dans le secteur de la pêche, jugé important. Pour renforcer le port de Béjaïa, deux petits ports de pêche ont été réalisés. Donc, les volets équipement et infrastructure ne sont plus des entraves.
L. Beddar