Accueil Bouira « Dites à M. le wali… »

Ath-Leqsar Nna Louisa vit depuis la mort de son mari dans des conditions lamentables : « Dites à M. le wali… »

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La crise du logement à Bouira est connue de tous. Beaucoup de personnes en souffrent, notamment les classes défavorisées de la société. 

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A maintes reprises, il a été fait état du calvaire que vivent les habitants des haouches de Bouira, ceux des bidonvilles du quartier de Ras Bouira, ou encore ceux de Thika, relevant de la commune de Haïzer. Les citoyens, exaspérés, ne savent plus à quel saint se vouer, ni à quel responsable s’adresser. Le cas de Hamichi Louisa, une vielle femme âgée de 74 ans, originaire de la commune Ahl Laqsar, reflète la précarité dans laquelle patauge des citoyens à Bouira. Depuis la mort de son mari, en 2007, Nna Louisa vit toute seule et sans aucun soutien moral ou financier, dans une vieille maison en terre, au village Mellaoua, relevant de la commune d’Ath Laqsar, à une trentaine de kilomètres au sud-est de Bouira. La mort de son époux était le début de son calvaire. « Avec mon défunt mari, nous avions habité pendant plus de 40 ans, au village Hlassa dans la commune voisine d’Ath Rached. Cette maison appartenait à l’un des villageois. Juste après son décès, le propriétaire m’avait demandé de quitter sa demeure qu’il voulait récupérer pour marier son fils », témoigne notre interlocutrice.

50 euros/mois pour survivre !

Par la suite, cette dame, qui tient à rester digne et forte malgré les aléas de la vie, soulignera le fait qu’elle n’arrive pas à percevoir la pension de son mari. « De plus, il m’est impossible de débloquer la retraite de mon mari, qui avait travaillé près de 40 ans en Algérie. Actuellement, je ne perçois que 50 petites euros, soit 5000 dinars, avec lesquels j’essaye de boucler le mois », a-t-elle révélé. Ensuite, Nna Louisa dira que toutes ses dépenses se font à crédit, auprès de l’épicier du coin. « Si ce n’était pas la bienfaisance de mes voisins et des fils du village ou encore la compréhension du propriétaire du magasin d’alimentation générale, qui m’accorde une ardoise, je ne pourrais point subsister ». Dans la foulée, cette brave dame nous a invités à sa modeste demeure. D’emblée, les mauvaises odeurs et le pollen d’eucalyptus nous assaillent. Les murs sont fissurés et menacent ruine. L’air est pratiquement irrespirable dans la pièce où elle dort. « Voyez-vous dans quel état je vis ! Généralement, quand il pleut, je ne me risque pas à passer la nuit ici. Je vis toujours la peur au ventre. Je traîne souvent chez mes voisins et ma famille, jusqu’au passage de la tempête. La majorité des pièces sont en ruines comme vous pouvez le constater, et il me reste une seule pièce sur quatre où je dors, je cuisine et je mange», dit-elle.

Une maison qui menace ruine à tout instant

Derrière son taudis, un trou béant fait office de collecteur d’eaux usées. L’endroit est infect et pratiquement en ruine. Nna Louisa témoigne également des misères qu’elle subit, à longueur de la saison hivernale. « Les eaux pluviales pénètrent dans cette pièce. Je ne peux pas fermer mes yeux durant toute la nuit !», témoigne Nna Louisa, avant de nous faire apprendre qu’elle souffre de plusieurs maladies chroniques dont l’asthme et l’hypertension. « J’en ai marre de cette vie ! Je commence même à perdre espoir… Cela fait des années que j’attends un logement où je vais passer le reste de mes jours ! Il m’arrive souvent de demander la mort, mais j’ai peur pour mes deux filles», dit-elle amèrement. Et d’ajouter : « J’ai déposé un dossier pour l’aide à l’habitat rural, au niveau de l’APC d’Ath-Laqsar, en 2010, mais à ce jour et à mon grand malheur, je n’ai eu aucune réponse de la part des autorités locales. Je me déplace souvent à l’APC pour m’enquérir de la situation d’avancement des choses, mais je n’ai eu, de leur part, que des promesses !  S’il vous plait, dites mes souffrances au wali de Bouira, au président de la République, décrivez leur la situation dans laquelle je vis, dites leur que je pourrais mourir toute seule dans cette maison». Cette bâtisse en terre battue menace, en effet, de s’effondrer à la moindre averse. Les fils électriques qui pendouillent de partout, sont aussi un danger omniprésent pour cette septuagénaire sans ressource.

Le P/APC s’explique…

Interrogé sur le cas de cette vieille dame, le P/APC d’Ahl Laqsar, M. Hmiche Arezki, confirme la précarité dans laquelle végète sa concitoyenne et affirme par la même occasion qu’une fois le quota d’aide à l’habitat rural débloqué il fera le maximum pour l’aider : « Nous sommes au courant du cas de Mme Hamichi Louisa. Nous l’avons même inscrite comme cas prioritaire pour bénéficier d’un logement, et ce, vu la situation déplorable où elle vit. Il s’agit juste d’une question de temps », déclare le même responsable, avant d’ajouter : « Toutefois, nous essayons, par tous les moyens possibles, d’aider notre concitoyen, en l’incluions dans différents programmes d’aide de notre service des affaires sociales ».

Oussama Khitouche

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