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M’Chedallah Les rejets des huileries jetés dans les rivières : Pollution à grande échelle !

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C’est dans la même anarchie qu’a de nouveau démarré l’opération de trituration des olives dans la vallée du Sahel, traversée en plein milieu par la rivière qui porte le même nom et qui s’étend de la sortie Est de Bouira (Assif N’Dhous) jusqu’à la limite entre celle-ci et Bgayet à Chorfa, sur 55 kms, pour prendre ensuite en amont le nom d’Assif Soummam, qui est en fait un collecteur géant de tout ce qui est liquide des deux chaînes de montagnes qui le prennent en sandwich : le Djurdjura du côté Nord et le Chréa du côté Sud. 

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Toutes sortes de matières liquides sont drainées par des centaines de ravins, ruisseaux et ruisselets dont le point de chute est l’Assif N’Sahel. Parmi ces liquides, on trouve essentiellement l’eau des pluies et crues, celle provenant de la fonte des neiges ou des sources naturelles, ainsi que les rejets d’assainissement des dizaines de villes, villages et agglomérations composant les daïras de M’Chedallah et Bechloul. Depuis le démarrage, en début décembre, de la saison d’oléiculture qui entraîne automatiquement l’entrée en activité de plus de 80 huileries implantées en divers points de ces deux daïras, les rejets de ces dernières, Amouredj en Kabyle, une matière des plus polluantes, sont venus renforcer le débit de toutes ces matières liquides, achevant de porter un coup fatal à l’environnement, et ce, de diverses manières : la première étant la pollution des nappes phréatiques proches de la rivière Assif N’Sahel des deux côtés des berges, ensuite la margine, ayant une large composante d’acide, détruit systématiquement le tissu végétal qui garnit les deux berges de la rivière et son lit. Une végétation qui réduit sensiblement l’effet de pollution des rejets d’assainissements et celui de l’érosion des impressionnantes crues de l’hiver. Ce tissu végétal est un véritable «ouvrage naturel» dénommé par les forestiers « correction torrentielle ». Le pouvoir de destruction de la margine et son effet destructif sur la végétation est facilement vérifiable au niveau de nombreux points de sa stagnation. En effet, aucune plante n’y repousse sur ces surfaces ; même le grignon (Amegrouche), deuxième composante des déchets rejetés par les huileries, produit le même effet nocif et destructeur du tissu végétal, sachant que ces huileries, de type et à caractère industriel, sont en pleine activité durant 4 mois chaque année. Il est facile de se faire une idée quant à leurs répercussions négatives et son ampleur sur l’environnement le long du parcours de 150 kms d’Assif N’Sahel, sachant que Assif Soummam, qui fait jonction avec lui, reçoit le double du volume de margine, le tout termine sa course dans la mer. À l’heure actuelle, avec ces huileries qui tournent à plein régime, le cours d’eau d’Assif N’Sahel a complètement changé de couleur, en virant au noir foncé. Tous les usagers de la RN5 et de la RN15 auront remarqué ce changement plutôt spectaculaire de la couleur d’Assif N’Sahel. A souligner qu’à chaque fois que la presse écrite évoque cette catastrophe naturelle d’envergure «qu’on» produit sur Assif N’Sahel, «l’on» se presse de dépoussiérer le dossier du projet de réalisation d’une station d’épuration au niveau de cette rivière, en faisant un peu de bruit pour calmer les esprits avant de le replonger de nouveau au fond des tiroirs, où il croupit depuis plusieurs années et où il risque d’y séjourner encore longtemps. Voilà un dossier qui doit focaliser l’attention des innombrables associations qui se qualifient exagérément de protectrices de l’environnement, et cela au même titre que le reste du mouvement associatif, les partis politiques, les élus locaux notamment, et enfin la société civile en général, lesquels doivent en toute logique se sentir interpellés par cette effroyable catastrophe naturelle à grande échelle et ses répercussions sur la santé publique. 

Il serait utile de rappeler aussi qu’Assif N’Sahel constitue un abreuvoir naturel où viennent se désaltérer des dizaines d’espèces animales en plus de ceux aquatiques qui y vivent, comme les grenouilles et les poissons. Une rivière que traversent à gué en plusieurs endroits les citoyens faute de pond ou passerelles.    

Oulaid Soualah

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