Accueil Bouira Assif N’Sahel transformé en «nid épidémiologique»

M'CHEDALLAH - Les eaux usées de 12 communes s’y déversent : Assif N’Sahel transformé en «nid épidémiologique»

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Assif N’Sahel, qui est le prolongement en aval d’Assif Soummam, est l’un des principaux cours d’eau de l’Est du pays, avec le Rhummel de Constantine.

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La rivière prend naissance à Assif D’hous, à la sortie est du chef-lieu de la wilaya Bouira, et parcours 55 km pour faire jonction avec Assif Soummam, à la sortie est de la commune de Chorfa dans la daïra de M’Chedallah.

Située entre deux chaînes montagneuses, délimitée au sud par le Chréa et au nord par le Djurdjura, elle irriguait durant l’occupation coloniale des milliers d’hectares de terrains hautement fertiles, dont les légendaires plateaux d’El Asnam, Takaats n’Ath Yalaa dans la commune d’El-Adjiba, les plaine d’Oughazi à M’Chedallah, au même titre que les non moins légendaires vergers maraichers et d’arboriculture de Toghza à Chorfa et Taghzout n’Ath Mansour.

Le cours d’eau lui-même était peuplé d’une importante faune aquatique constituée, principalement, de poissons, grenouilles, crabes, bécasses, canards et poules d’eau à côté d’une flore riche de plusieurs dizaines d’espèces de plantes. C’était avant qu’Assif Sahel ne soit transformé à partir des années 1970 en un réceptacle géant des rejets d’assainissement des deux daïras de M’Chedallah et Bechloul avec leurs douze communes qui comptent 10 villages chacune.

Tous les rejets d’assainissement sont lâchés dans le lit d’Assif Sahel. En plus de ces centaines de rejets, le lit et les bordures de cette rivière reçoivent les ordures ménagères, les déblais et les débris des matériaux de construction le long de ses 55 km. De sa faune et de sa flore ne subsiste qu’un vieux souvenir à cause d’une effroyable pollution aggravée, en hiver, par les rejets (margelle et grignons), en lus de 120 huileries en parallèle à d’autres rejets à caractère industriel, provenant de nombreuses unités économiques.

A présent, Assif Sahel est transformé par la bêtise humaine, en un effroyable foyer d’épidémies, d’autant plus qu’il traverse de nombreuses agglomérations à forte concentration démographique et la plupart des chefs-lieux de la commune.

Devant cet état de fait, il a été décidé, au début des années 1990, de créer deux stations d’épuration pour réduire les retombées catastrophiques de ces déversements sur la santé publique, l’agriculture et l’environnement. Le dossier de ces deux ouvrages a été ficelé, après le choix du terrain effectué et avalisé par une commission technique de wilaya. Le premier est situé au lieu-dit Achadhoukh dans la commune de M’Chedallah à proximité de Raffour et le second à Toghza dans la commune de Chorfa. Malheureusement, comme beaucoup d’autres projets de grande importance, leurs dossiers ont été mis dans le tiroir.

Notons que la totalité des cours d’eau de la région, soit plus d’une dizaine, qui ne tarissent pas même en été, car ils sont alimentés par des sources vives qui finissent leur course dans Assif N’sahel, ont subi le même sort et ont été polluées par les eaux usées. Même les nappes phréatiques existant des deux côtés de cette rivière sont aussi polluées.

Signalons que malgré cette pollution visible à l’œil nu, des citoyens inconscients ne se gênent pas pour irriguer leurs vergers avec cette eau à l’aide de motos-pompes que font fonctionner des groupes électrogènes. Cela se fait au su et au vu de tout le monde sans qu’aucun des nombreux organismes étatiques concernés n’y fasse quelque chose.

Oulaid Soualah

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