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BOUIRA - Pas de vacances d’hiver pour les classes d’examen : Les cours de soutien en vogue

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Les élèves des trois paliers (primaire, moyen et secondaire) et même les étudiants sont en vacances scolaires d’hiver depuis la semaine dernière. Mais ce n’est pas le cas pour ceux ayant un examen (sixième, BEM ou le BAC) à passer en fin d’année. En effet, si certains ont préféré s’offrir un temps de repos pour se ressourcer et être d’attaque pour le deuxième trimestre, d’autres par contre suivent toujours des cours de soutien scolaire auprès d’enseignants privés. Un phénomène en vogue qui touche la quasi-totalité des villages et des villes de la wilaya de Bouira.

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Malheureusement, force est de constater que la plupart de ces cours assurés par des étudiants universitaires, des diplômés au chômage, des enseignants en retraites et ou d’autres toujours actifs se déroulent dans des locaux et garages aménagés à cet effet et dans des conditions déplorables. Cela reste toujours une activité informelle qui échappe à tout contrôle, notamment de la direction de l’éducation de Bouira et ce, malgré les menaces de sanctions. Par ailleurs, le prix des cours varie d’un niveau à un autre, d’une matière à une autre, en groupe ou seul, et les tarifs oscillent entre 1000 DA et 4000 DA/mois.

Il faut dire que les mouvements de grève enclenchés par les syndicats, les enseignants, ou par les élèves eux-mêmes ont contraint les parents à multiplier les cours de soutien à leurs enfants pour leur éviter tout échec ou ratage. Néanmoins, les avis diffèrent d’un parent à un autre. Certains trouvent que l’état doit intervenir pour mettre un terme à cette anarchie et que c’est à l’école d’assurer et d’assumer sa mission, alors que d’autres estiment qu’il faudrait recourir aux cours de soutien et ne pas trop compter sur les cours assurés dans les établissements scolaires si on veut que les enfants optimisent les chances de réussite à l’examen final.

Ce père de famille dit avoir deux filles en classe d’examen, l’une en classe de 4 AM, sa sœur en 3 AS, toutes les deux scolarisées dans des établissements sis au chef-lieu de wilaya. Il estime que «c’est la seule solution pour aider mes filles à rester concentrées et leur éviter toute déconcentration à cause des perturbations enregistrées tout au long de l’année scolaire». Par contre cette maman ne partage pas cet avis. Elle avouera son étonnement lorsque l’enseignant de son fils, collégien en quatrième année, lui avait proposé de lui ramener son fils pour lui faire des cours de soutien avec d’autres camarades du même niveau à raison de deux heures par semaine moyennant une somme d’argent.

‘’C’est de la triche’’ dira-t-elle révoltée. «Pourquoi, s’est elle interrogée, ne fait-il pas cela en classe ? Pourquoi faut-il payer pour que mon fils suive des cours dans un garage ou chez lui à la maison pour mieux comprendre ? Comment est-ce possible qu’un enseignant qui ne peut pas capter l’attention de son élève en classe pourra le faire en dehors d’un établissement scolaire?».

Il semblerait que c’est tout le monde qui trouve son compte, et certains en ont fait un commerce en aménageant des garages, ou encore des chambres dans leurs domiciles pour assurer les cours de soutien. «Cela m’arrange, dira cet autre parent, mon enfant passera son BAC filière sciences cette année, j’ai vu qu’il était absorbé par l’actualité et le Hirak, c’est ainsi que je l’ai inscrit pour suivre des cours de soutien dans trois matières, en mathématiques, en physique et en sciences, pas en groupe mais seul.

En plus, ce sont les enseignants de chacune des trois matières qui viennent chez moi à la maison, cela me revient à 12 000 Da /mois, soit 4000 pour chacune des matières, mais bon, comme ça au moins, je suis sûr que mon enfant retiendra quelque chose et comprendra mieux. Les enseignants de nos jours se fichent pas mal si l’élève a compris quelque chose en classe ou pas».

Et de conclure : «Cela est devenu une mode, un commerce lucratif, en plus, le seul souci d’un enseignant aujourd’hui c’est de terminer le programme et de ne pas avoir de remarques ou reproches de la part de l’administration, il ne se soucie guère si l’élève a compris la leçon ou pas. En plus, si l’enseignant fait bien son travail en classe, l’élève n’a pas besoin de recourir aux cours de soutien chez le privé», estime notre interlocuteur qui ajoute : ‘’Il est vrai que l’enfant a besoin d’un temps de repos et de jouer, ce n’est pas un robot, il faut savoir que la saturation peut lui porter de grave préjudice’’.

M’hena A.

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