Ces enfants exposés aux risques…

Partager

Le jeune Amine, en cinquième année primaire, vend chaque après-midi ses galettes aux abords de la route ou des ruelles de la ville des Issers. Il le fait d’ailleurs depuis le début du mois de Ramadhan et continuera à le faire durant les vacances estivales. Il ramène sa caisse avec une dizaine de galettes soigneusement préparées par sa maman pour les exposer aux passants. Il n’est pas le seul à le faire quotidiennement et dans presque tout le pays. Certains vendent de la galette pour gagner de l’argent et principalement pour parer aux dépenses de la rentrée scolaire, alors que d’autres le font car ils n’ont pas d’entrées régulières d’argent pour subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs familles.

Approché, Amine dira qu’il le fait pour aider son père, un travailleur journalier sans couverture sociale. «Mon père fait de son mieux pour subvenir à nos besoins. Nous sommes six à vivre dans notre maison située à Issers-Ville», a-t-il dit avant de poursuivre : «Mon père ne gagne pas assez d’argent. Il y a des moments où il ne travaille pas durant plusieurs jours. Il travaille dans les chantiers de bâtiment de la région mais ces derniers temps, les choses ne sont pas faciles.

Donc, je suis contraint d’aider ma famille.» Quant à la question de savoir s’il va poursuivre sa scolarité, Amine répondra qu’il n’a pas l’intention de l’abandonner mais qu’il continuera à vendre de la galette durant son temps libre, notamment les après-midi : «Je ne vais pas quitter l’école et je veillerai à ce que mes petites sœurs ne le fassent pas également.» C’est à partir de 15h qu’Amine, ainsi que des dizaines d’autres jeunes enfants, commencent à étaler, sur les abords de la route, des ruelles des quartiers et des marchés environnants, leurs caisses de galettes. Amine écoule ses dizaines de galettes très rapidement. Il a des clients habituels qu’il a réussi à fidéliser par la qualité de son produit.

D’ailleurs, il compte vendre plus de galettes afin de gagner plus. Pour cela, il doit commander un nouveau four fabriqué chez un ferronnier ou il en achètera un dans une quincaillerie. Souvent, ces enfants, filles ou garçons, sont exposés aux dangers de la route, aux divers accidents et autres aléas du climat, notamment la chaleur. Certains enfants exposent leur marchandise sur les abords des grandes routes, comme la RN 05, sur les hauteurs de Thénia. Ici, le danger est imminent. Les chefs de famille ne doivent pas jouer avec la vie de leurs enfants.

Les autorités, pour leur part, doivent intervenir ne serait-ce que pour sensibiliser les parents, et ce dans le but d’éviter la perte de vies humaines. La vente de galettes, qui ne cesse de prendre de l’ampleur, s’explique par le malaise social que connaissent des milliers de familles, qui cherchent à améliorer leurs conditions de vie. La cherté de la vie, la dégradation du pouvoir d’achat et les inégalités sociales sont, entre autres, des facteurs qui poussent certains à contraindre leurs enfants à travailler. La crise économique, née de la chute des prix du pétrole, n’a fait qu’exacerber les tensions sociales et appauvrir des milliers de familles.

Youcef Z.

Partager