La forêt de Vouhlalou nettoyée

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Sur deux week-ends et malgré une pluie intermittente le premier jour, des citoyens de la commune des Aghribs ont organisé un volontariat pour le nettoyage de la forêt de Vouhlalou. Plusieurs engins ont été mobilisés à cet effet dont trois cases et deux camions. Un entrepreneur et des particuliers ont mis ces engins à la disposition des citoyens.

Ce geste hautement symbolique découle, selon ces derniers, de « la conviction et de l’urgence que revêt cette opération et vu la tâche gigantesque car la quantité des ordures qui jonchent la route qui traverse ce poumon écologique est énorme ». Dès la matinée, des citoyens des villages Agraradj, Tamassit, Imekhlaf et Aghribs ont convergé vers les lieux de départ munis d’outils pour débroussailler, des gans pour le ramassage des sacs d’ordures et autres. Un spectacle désolant quand on voit cette nature défigurée par la bêtise humaine.

Un citoyen abonde dans ce sens: «Après un combat acharné contre l’implantation d’un centre d’enfouissement technique (CET) au milieu de cette forêt, on se retrouve à la case départ avec toutes ces immondices qui jonchent les abords des routes ». Ces décharges à ciel ouvert et en l’absence de battues administratives ont permis la prolifération de meutes de chiens sauvages.

Autre le fait que ces animaux peuvent être source de danger pour les randonneurs et les passants, ils constituent aussi un vecteur de maladies dangereuses pour l’homme tel que la rage, la gale ou la leishmaniose. Dès la tombée de la nuit, des dizaines de meutes traversent tranquillement la route en fouinant dans les sacs poubelles à la recherche de nourriture éparpillant les ordures un peu partout sur la route. Lors de ramassage des quantités d’ordures, un constat douloureux est fait.

La majorité de ces déchets sont des déchets organiques dont les épluchures de fruits et légumes. Ces déchets organiques sont en réalité un trésor car il suffit de les mélanger avec de la terre pout faire un terreau de qualité. De ce constat, il est indéniable que des opérations de sensibilisation s’avèrent le meilleur moyen pour remédier le plus efficacement possible à la question environnementale.

Ceci impliquera tous les acteurs de la société civile à l’instar des associations écologiques, des comités de villages et de quartiers, des établissements scolaires ainsi que les collectivités locales et territoriales. La prise de conscience de l’urgence de la question environnementale tarde à se concrétiser sur le terrain. La majorité actuelle de APC des Aghribs qui a fait de cette question son cheval de bataille peine à concrétiser ses promesses électorales.

L’acquisition d’un incinérateur, sur budget communal, et l’initiative de tri sélectif n’a pour le moment pas apporté grand chose à la population. Les ordures ménagères ne sont pas ramassées dans la plupart des villages. Ce qui conduit beaucoup de personnes à jeter leurs déchets n’importe où. Mais l’incivisme a atteint un degré tel qu’il représente désormais un danger de salubrité publique.

On trouve en effet des bêtes mortes, des vaches et des moutons en particulier, jetées dans la nature. La putréfaction de ces animaux, surtout en période de chaleur, est un danger sanitaire. Mais cet état de faire semble ne pas déranger beaucoup de monde. Le premier jour de volontariat a connu un incident qui en dit long sur les mentalités. En effet, un éleveur avicole a été surpris en train de jeter du fumier sur les abords de la route.

Il a fallu des trésors de diplomatie pour le convaincre de ne plus répéter son geste. Parmi les déchets qui posent un sérieux problème sont les couches-bébés du fait de la non-biodégradabilité et l’augmentation exponentielle de leur utilisation. Ceci contrairement aux canettes en aluminium et bouteilles de verre dont le ramassage et le recyclage peut constituer une opportunité et une source de profit.

L’implantation de certaines unités de recyclage et de transformation peut impulser une dynamique dans ce sens. Mais ceci ne peut avoir un impact concret sur le vécu quotidien des citoyens sans une solution en amont et en aval de cette problématique. En amont, à travers un tri sélectif fait par les ménages et en amont travers les déchetteries, les unités de recyclage et d’incinération.

La forêt de Bouhlalou dispose d’un patrimoine faunistique et floristique indéniable. La préservation de cette richesse doit constituer un souci perpétuel et un objectif à s’assigner. Mais ceci ne peut se faire sans la conjugaison des efforts de tous les citoyens, les associations et les collectivités locales et territoriales.

Mohand I.

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