Lundi dernier, les habitants du village Baqalem, à 3 km à l’ouest du chef-lieu d’Aïn El-Hammam, ont été interloqués de voir, dès les premières lueurs du jour, des engins des travaux publics qui activaient dans le cimetière chrétien.
Plusieurs ouvriers appartenant à une entreprise de travaux publics s’affairaient à creuser les tombes pour en retirer les restes des corps qui y sont enterrés. Les villageois, abasourdis, demandèrent alors à un ouvrier présent sur place, et qui paraît être le chef de l’expédition, à connaitre le but d’une telle tâche. Ce dernier leur répondit qu’ils sont envoyés sur les lieux par la wilaya, pour procéder à l’exhumation des restes des personnes qui y sont enterrées. Il leur montra une liste de chrétiens enterrés sur les lieux, ajoutant que «cette action a été décidée suite à un accord entre les autorités françaises et algériennes qui ont à cœur de rassembler tous les os de chrétiens enterrés dans les cimetières communaux pour les ré inhumer au niveau du chef-lieu de la wilaya». Sur place, des tas d’ossements étaient alignés à l’écart. Or cet endroit, s’il a effectivement été utilisé pour l’enterrement de chrétiens locaux, a également accueilli des musulmans, des déchets hospitaliers, des pieds ou des bras, provenant des amputations, et même des cadavres d’inconnus abattus par l’ANP lors de la décennie noire. Les villageois affirment que «ceux qui ont décidé de cette opération ne nous ont pas consultés auparavant pour les orienter dans ce travail, loin d’être facile mais confié à des étrangers à la région qui ignorent totalement l’histoire du cimetière chrétien». Dès lors, ces villageois n’hésitent pas à qualifier cette opération de «profanation». Il faut savoir que le cimetière chrétien communal datant de la colonisation est situé au centre-ville d’Ain El-Hammam. Cependant, les autorités l’avaient démantelé, il y a plus d’une trentaine d’années, pour les besoins d’assiette devant accueillir la construction d’une gare routière et d’un immeuble d’habitation. Une partie des os récupérés avaient été enterrés dans le cimetière chrétien du village d’Ouaghzen dans une sorte de fosse commune, nous racontent les habitants qui s’en souviennent. Mardi, les ouvriers sont revenus pour réparer les tombes détruites, par erreur et une stèle commémorative portant l’inscription «sur ce site se trouvait le cimetière communal». Le transfert des restes mortels des personnes inhumées devra être effectué au cimetière chrétien de Tizi-Ouzou le 10 octobre 2017.
A.O.T.