Cette affreuse maladie tue trois personnes chaque trimestre dans ce village situé dans la commune de Makouda, à la frontière avec la municipalité de Boudjima. Rien que la semaine passée, la silicose a eu raison de la vie d’un homme qui a lutté pendant plusieurs années contre cette maladie. Celle-ci tue à Tala Bouzrou parce que les habitants de la localité n’ont pas beaucoup de choix en matière de travail. Casseur de pierres est le seul métier à la portée des chômeurs, qui le transmettent de génération en génération. Les jeunes s’adonnent à ce travail pénible pour gagner leur vie. Une vie que la silicose stoppe net dans la majeure partie des cas. La silicose atteint généralement les professionnels après plusieurs années d’exercice. Selon les médecins, c’est la poussière dégagée par la pierre qui est à l’origine de cette affection. Les mêmes médecins affirment et avertissent pourtant, depuis des années, du danger de ce métier. Malgré toutes les protections, la poussière passe dans les poumons et provoque la silicose. Il y a quelques années, des campagnes de sensibilisation ont été menées par les services concernés dans la daïra de Makouda et dans la wilaya de Tizi-Ouzou. Néanmoins, les jeunes continuent plus que jamais d’exercer ce métier tueur, puisqu’ils y trouvent des sources d’argent pour se marier, construire des maisons… Mais hélas, le pari risqué de ces derniers les conduits souvent à la mort. La maladie est incurable. Aussi, aujourd’hui, les jeunes qui en font un métier, parfois rentable, étendent leur périmètre d’exercice. Légendaire pour sa beauté, la pierre locale est hautement convoitée. C’est à Alger que beaucoup de jeunes casseurs de pierres, devenus aussi décorateurs, trouvent leur plus grande clientèle. A force que la clientèle augmente, l’attrait de la pierre se fait sentir. De plus en plus de jeunes deviennent casseurs de pierres et, bien évidement, de plus en plus de jeunes contractent ce mal. La silicose fait toujours des victimes à Tala Bouzrou, mais l’en on parle de moins en moins. Paradoxalement, même les services concernés, la santé essentiellement, ont fini par laisser tomber, et les campagnes de sensibilisation ont disparu. Mais la silicose, elle, est toujours là.
Akli N.