Accueil Tizi Ouzou Le parcours d’un grand moudjahid revisité

AÏT YAHIA MOUSSA - Il y a 18 ans disparaissait Oudni Aomar : Le parcours d’un grand moudjahid revisité

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Il y a 18 ans, plus précisément le 11 mars 2001, disparaissait le Moudjahid Oudni Aomar, dit Si Moh Nachid, à l’âge de 75 ans. A cette occasion, l’association des chasseurs de Tizi-Ouzou et des Moudjahidine ainsi que sa famille lui ont rendu un hommage. Une gerbe de fleurs a été déposée sur sa tombe où les présents ont lu la Fatiha à sa mémoire et à celle des tous les martyrs et les Moudjahidine décédés.

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Pour son fils, Hacène, cet hommage est une reconnaissance pour l’engagement de son père durant la guerre de Libération nationale et après l’indépendance. Il saisit l’occasion pour souligner qu’avant sa mort, son père lui avait relaté beaucoup de faits d’armes dans cette région et lui a livré sa version des deux grandes batailles : Vougarfène, le 6 janvier 1959, et Tachtiouine, le 5 mars de la même année.

Lors de cette dernière, il fut, pour rappel, blessé au côté des 36 martyrs tombés au champ d’honneur. Il lui aussi parlé de la fois où il sauvé des responsables de l’ALN, venus pour une réunion à Tizra Aïssa, au domicile de Krim Belkacem, à la veille du 6 janvier 1959. Des maquisards qu’il a réussit à faire sortir de la région, en les accompagnant jusqu’au Djurdjura.

Né en 1926 dans la commune mixte de Draâ El-Mizan, Oudni Omar intégra dans les années 40 les rangs du PPA/MTLD aux côtés de nombreux militants de la région, alors qu’il n’était encore qu’un adolescent. Il était très actif et se déplaçait aux villes voisines, telle Draâ Ben Khedda, où il comptait beaucoup d’amis militants. Épris de justice et de liberté, il participa en 1947 à l’attentat qui visait le caïd Dahmoune, en compagnie de Krim Belkacem et d’autres militants. Durant trois longs mois, le caïd, qui échappa à l’attentat, recruta des hommes qui furent à ses trousses.

Le futur capitaine de l’ALN se distingua avec deux actions importantes avant même le déclenchement de la guerre de libération nationale : en 1950, il a abattu un collaborateur à Meguedoul, dans la région de Tirmitine, et deux ans après, en 1952, il organisa un attentat contre un garde-champêtre à Timezrit (Boumerdès), avec l’un de ses compagnons. Dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre 1954, Si Moh Nachid était le chef du groupe dépêché, par celui qui allait être le colonel Amar Ouamrane, à Blida, plus précisément à Chréa, où ils sabotèrent de nombreux biens coloniaux.

Il rentra chez lui avec son groupe en héros. Grâce à son courage, dit-on, on lui confia de nombreuses responsabilités auxquelles il renonça très tôt, car «droit et intransigeant». En 1959, plus précisément en janvier, il permit, à Aït Yahia Moussa, au commandant Azzedine, au colonel Si Mohamed, à Omar Oussedik et au colonel Amirouche, qui devaient tenir une réunion importante à Aït Yahia Moussa, de s’échapper après que l’on eut informé l’armée française, qui déclencha une vaste opération de ratissage qui se transforma en une grande bataille lors de laquelle tombèrent 385 martyrs.

Il était alors le lieutenant politique de la Région 1 et traînait déjà une blessure. L’engagement de Si Moh Nachid fut marqué par de nombreuses batailles dans sa région et desquelles il sortit vainqueur. Les anciens moudjahidine se souviennent tous de sa bravoure et de sa témérité. Après la mort du commandant Ali Bennour, en octobre 1959, il se chargea de diriger la Zone 1 avec Rabah Krim, dit Rabah El Hadj, le frère de Krim Belkacem.

Il mena de nombreuses opérations avec Ahmed Sellami, à Aomar, (Bouira) et à Draâ El-Mizan. Même s’il n’était pas entièrement rétabli de ses blessures, il reprit ses activités au sein d’une zone algéroise, pourtant bien encadrée par l’armée française. Il lutta aux côtés de ses frères jusqu’à l’indépendance. Juste après, il fut élu dans la première assemblée algérienne. Si Moh Nachid ne tarda pas à quitter sa luxueuse villa d’Aïn Taya pour rentrer au bercail.

Il n’acceptait pas vivre dans le luxe alors que ses concitoyens souffraient encore de beaucoup de manques. Il occupa par la suite le poste de coordinateur de l’ONM de Tizi-Ouzou jusqu’en 1988, lorsque le président Chadli Bendjedid le nomma cadre de la nation. A sa retraite, il se retira chez lui avant d’aller au pèlerinage à la Mecque. Le 11 mars 2001, il rendit l’âme entouré ses enfants, comme il l’a souhaité, et a été enterré dans son jardin. C’est l’histoire d’un Moudjahid né dans une famille et dans une région qui ont sacrifié les meilleurs de leurs enfants pour une Algérie libre.

Amar Ouramdane

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