La détermination intacte !

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C’est avec les habituels slogans «Système dégage !» «Makanch intikhabat ya l3issabat» qu’a débuté, hier à Bouira, la 30ème marche pacifique du vendredi, qui s’est déroulée comme d’habitude dans une ambiance fraternelle et festive. Les revendications demeurent d’ordre politique, même si des marcheurs, vu les dommages causés la veille par les orages et les pluies torrentielles, ont réclamé le départ des autorités locales.

Aux alentours de 13 heures, la procession humaine s’est ébranlée de la place publique de la ville, en direction du quartier Draâ El Bordj où attendaient plusieurs centaines de personnes. «Nous sommes tous des Karim Tabbou», criaient les manifestants qui brandissaient son portrait et celui du moudjahid Bouregaa. «Libérez Karim Tabbou, Libérez Bouregaâ, Libérez ezawali», «Libérez les otages», «Main dans la main, nous nous débarrasserons de vous, notre union est votre faiblesse», «Gaïd, Bensalah, Bedoui, terrahlou gaâ» ou encore «Daoula madania matchi askaria» scandaient les manifestants tout au long de l’itinéraire.

Les manifestants étaient presque tous drapés des Couleurs nationales et amazighes, portant à bout de bras des pancartes sur lesquelles on pouvait notamment lire : «Pas de vote avec la bande de Bouteflika». Arrivés devant le siège du RND, les marcheurs reprirent en chœur «RND lkhawana», «Echaâb yourid iskat el nidham», «Ma nvotich ala3issaba, yetnahaw gaâ». Femmes, enfants, personnes du troisième âge et mêmes des handicapés ont fait retentir leur voix dans cet impressionnant cortège qui s’étirait de la vieille ville jusqu’au siège de la wilaya.

La foule s’en est également pris aux parlementaires de la wilaya «qui s’enrichissent au détriment du peuple, notamment les représentants du FLN et du RND», ont-ils crié. «Silmia Silmia» était également un des mots d’ordre des marcheurs, qui n’ont cessé de réitéré leur «attachement à l’unité nationale». Du seuil de sa maison, une vieille femme lança à la foule en marche : «Il faut être des hommes comme vos aînés qui ont enclenché la guerre de libération. N’allez surtout pas voter, il s’agit de l’avenir de la nation et de nos enfants». Une supplication qui ne sera pas sans impact sur les manifestants qui reprendront de plus belle «Oulach l’vot oulach».

Arrivé devant le rond-point de la Cadat, où s’était produit la veille un important affaissement de terrain ayant emporté une partie de la chaussée et fragilisé l’autre coté, les manifestants s’en sont pris violemment aux autorités locales, reprochant au maire et au wali «d’avoir laissé faire le promoteur immobilier à l’origine de cette catastrophe». «Pouvoir assassin», «L’mir dégage ! l’wali dégage !», ont-ils crié.

«On va se retrouver avec une circulation restreinte au centre-ville pour au moins deux ans, à cause de leur inconscience collective», se plaindront les marcheurs. Les policiers en faction interviendront pour empêcher les manifestants de s’approcher du trou béant. Les marcheurs dévaleront une pente abrupte avant de continuer sur le côté de la chaussée non affaissée en scandant «Vous avez pillé le pays bande de voleurs», «Le peuple veut son indépendance», «Ni dialogue, ni concertation, votre départ est obligatoire», ont-ils encore scandé, avant de se disperser dans le calme.

Hafidh Bessaoudi

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