«Mon père fêterait son 59e anniversaire le 28 avril prochain si le destin ne l’avait pas voulu autrement», c’est par cette phrase que nous accueillera Kamel Ami, fils de Ali Ami, militaire, tombé au champ d’honneur le 9 novembre 1996 avec trois de ses amis lors d’une explosion d’une bombe artisanale aux abords du CW49 dans la commune de Chréa (Blida).
Ce jeune homme reviendra sur cette journée fatidique. «Nous habitions dans un logement de fonction, mon père, ma mère et mes deux frères. Quand nous avions appris cette mauvaise nouvelle, le ciel était tombé sur nos têtes. D’ailleurs, nous fûmes expulsés de ce logement dès cette tragédie. Et nous devions alors regagner notre village le jour même afin de faire notre deuil», poursuivra-t-il son récit. «Mon père a été inhumé dans notre cimetière à Tighilt Nat Aâlamth à Izemouchène, dans le douar de Boumahni, en présence des autorités locales, civiles et militaires.
Le commandant de la région militaire nous présenta ses condoléances et nous remit un message de félicitations à titre posthume à mon père où il écrit que le commandant félicite l’adjudant chef Ali Ami pour sa volonté et son dévouement dans l’accomplissement des missions de lutte contre la subversion islamiste», dira encore Kamel. «Après l’adoption des lois de la concorde civile et de réconciliation nationale, nous, les familles des victimes de terrorisme, croyions que nous allions au moins être reconnues comme telles. Malheureusement, il se trouve qu’on est marginalisés», estimera ce jeune homme qui semblait être toujours sous le choc.
«Nous habitions dans un logement de fonction depuis le 11 juillet 1990 et nous fûmes expulsés de ce logement juste après l’assassinat de mon père. Nous avons retrouvé dans les documents de mon défunt père un arrêté d’attribution d’un logement en date du 2 janvier 1996 signé par le DEC de la commune de Chréa. Le lieu exact où on construisait 12 logements s’appelle Kerrache. D’ailleurs, jusqu’au jour d’aujourd’hui, ces logements sont à l’abandon. Depuis, nous avions essayé de récupérer ce logement, en vain.
Dernièrement, les responsables de la wilaya s’étaient déplacés sur les lieux pour relancer ce projet», expliquera-t-il. Cependant, dira encore notre interlocuteur, toutes les démarches entreprises n’ont pas abouti. «Au niveau de l’APC de Chréa, on nous a répondu que le dit arrêté n’était pas enregistré. Nous avons saisi l’APW de Blida et rien n’a été fait. L’année passée, plus précisément en février 2018, nous avions saisi le Premier ministre. Les autorités de Blida ont été saisies par le chef du cabinet du Premier ministre, mais rien n’a été fait. Nous avons même déposé une requête auprès du tribunal de Blida, mais nous avons été déboutés.
D’ailleurs, nous avons déposé un pourvoi en cassation», éclairera la même personne diligentée par sa famille dont le grand frère âgé aujourd’hui de plus de 35 ans est atteint de plusieurs maladies, dont le diabète et l’hypertension artérielle, à cause du choc subi après l’annonce du décès de son père. Il faut noter que notre interlocuteur présente tous les documents relatifs à ce parcours infatigable de cette famille qui vit dans la détresse et dans le déni.
Kamel lancera deux appels: «J’appelle le président de la République en sa qualité du premier magistrat du pays et chef des armées de prendre en charge notre doléance en invitant les autorités de la wilaya de Blida à reconnaître l’arrêté d’attribution d’un logement à mon père signé par le DEC le 2 janvier 1996. D’autre part, je saisis cette occasion pour appeler les autorités de la commune de Aïn Zaouia de baptiser le terrain communal en cours d’engazonnement du nom de mon défunt père où un autre établissement public car il est une victime du devoir national et un chahid».
Le défunt Ami Ali est né le 28 avril 1960 à Aïn Zaouia et s’est engagé dans les rangs de l’ANP le 30 avril 1978, plus précisément dans la zone de défense aérienne de Blida comme Djoundi à l’âge de 18 ans révolus. Il est recruté à l’Ecole nationale des techniques de l’aviation de Blida (1ère région militaire). De 1981 à 1982, il fut affecté à Laghouat (2e région militaire). À la fin de son contrat, il quitta les rangs de l’armée le 16 février 1986. Moins d’une année après, le 21 mai 1987, il réintégra la 1ère région militaire. Il termina sa carrière après sa tragique disparition comme adjudant chef et le grade de sous lieutenant lui fut attribué à titre posthume au lendemain de son décès.
Amar Ouramdane

