La filière viticole en difficulté

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Malgré des récoltes prometteuses, chaque saison, la filière viticole dans la wilaya de Boumerdès peine à sortir de l’ornière. Ainsi, cette saison, la production du raisin de table est estimée à 2.5 millions de tonnes. Une augmentation légère par rapport à l’année écoulée. Il faut savoir d’autre part, qu’année après année, les viticulteurs tablent sur une surproduction mais cela ne s’est toujours pas traduit sur le terrain. Malgré les hectares de vignobles, la production reste toujours faible, alors que la durée de vie d’un champ de vigne est estimée à 25 ans. Pour expliquer cette situation, un viticulteur de Naciria, dit assister à un phénomène plutôt paradoxal.

«D’un côté, nous cultivons de plus en plus de terres et, d’un autre, nous récoltons peu», a-t-il fait savoir. Est-ce le fait du changement climatique ou du manque de moyens ou bien de l’utilisation abusive des intrants, notamment chimiques ? Notre interlocuteur énumère en fait plusieurs facteurs déterminants dans la récolte du raisin, dont les conditions climatiques. Il dira à cet effet : «Cet été, nous avons eu un climat chaud anormal, accentué par les feux de forêt. Cette chaleur qui n’était pas naturelle a affecté drastiquement les cultures, alors que le raisin commençait à murir dès le mois de juin, début juillet.

La plante a besoin d’eau dès son apparition. Mais cela n’a pas été le cas pour plusieurs champs, où l’eau se faisait rare, ce qui a engendré l’absence d’irrigation. Ainsi, près de 5 % seulement des cultures de raisin sont irriguées. Plusieurs retenues collinaires ont aussi disparu. Malgré cela, les pouvoirs publics n’ont pas envisagé de mettre en place les moyens nécessaires pour éviter leur disparition et récupérer au moins les eaux de pluie, qui disparaissent dans la nature.»

Le manque de sensibilisation des agriculteurs quant à l’utilisation des eaux épurées est un autre facteur non moins important. Dans ce sens, 95 % des eaux épurées sont jetées dans la nature et rares sont les agriculteurs qui les utilisent, toujours selon ce viticulteur. Ce dernier n’a pas omis de citer les lenteurs administratives, notamment en ce qui concerne l’achat des engrais qui nécessite la présentation d’un dossier bien ficelé. Et de continuer : «Il faut attendre plusieurs semaines et parfois des mois pour se voir octroyer l’autorisation de transporter les engrais.

Les intrants, les pesticides et les traitements, en général, sont hors de portée pour plusieurs viticulteurs, lesquels n’arrivent pas à traiter leurs cultures pour leur éviter certaines maladies dont le mildiou, qui fait des ravages. Il est question surtout de ceux en provenance de l’étranger. D’ailleurs, certains on déboursé plusieurs millions de cts dans ces traitements, sans aucun résultat. A cela s’ajoute, le manque de connaissances adéquates pour entretenir les vignes.» D’autre part, l’intervenant préconise des formations à l’intention des agriculteurs, notamment les novices.

Par ailleurs, il est à signaler que le manque de main d’œuvre agricole est également un facteur qui rentre dans le processus de production de la vigne. Dans ce sens, certains agriculteurs avouent avoir recouru à des travailleurs saisonniers venus de l’intérieur du pays. Enfin, le problème de la commercialisation, qui intervient pratiquement dans tous les secteurs d’activité et de production, a été relevé.

A ce jour, la wilaya de Boumerdès, classée première dans la production nationale de raisin de table, avec près de 45 % des besoins domestiques, n’est toujours pas dotée de marché spécial et exclusif de raisin malgré le fait qu’il existe une surface de 1 000 ha de vigne, toutes variétés confondues, notamment à Baghlia, Sidi Daoud, Naciria et Bordj Menaïel. Et hormis la Fête du raisin, organisée annuellement, aucune manifestation n’est réservée à ce produit.

D’ailleurs, le Salon du raisin, organisé récemment à l’Office des établissements des jeunes (ODEJ) de Boumerdès, était l’occasion de faire connaître les différentes variétés savoureuses de ce fruit. En ce qui concerne l’exportation de ce produit, il est difficile d’en parler à l’heure actuelle, étant donné que les moyens de sa préservation font défaut, lors de son acheminement vers les pays étrangers. Le raisin étant connu pour être un produit périssable.

Youcef Z.

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