Sauf contrainte majeure liée à la situation sanitaire imposée par la pandémie du coronavirus, et éventuel nouveau rebondissement dans le conflit interne qui fait vaciller le parti, le FFS tiendra un congrès extraordinaire les 10 et 11 avril prochain.
La quête de l’unité au sein du Front des forces socialistes trouverait-elle enfin son compte à la faveur du congrès national extraordinaire prévu les 10 et 11 avril prochain, selon l’agenda arrêté par la commission de sa préparation (CPCN), rendu public samedi dernier ? A priori, c’est ce qui est recherché en tous les cas. Et ce sont Mohand-Amokrane Chérifi, le démissionnaire du présidium, et Mohamed Nebbou, ancien premier secrétaire national du parti, qui co-président cette commission chargée de préparer le rendez-vous unificateur.
«La CPCN a pris acte de la démission de trois membres de l’Instance Présidentielle, les camarades Chérifi Mohand Amokrane, Chioukh Sofiane et Meziani Brahim, qui lui ouvre la voie à la convocation du Congrès National Extraordinaire, conformément à l’article 48 des statuts du parti», est-il indiqué dans le communiqué. Et de préciser que «le premier Secrétaire national, Belahcel Hakim, est chargé de gérer les affaires courantes du parti jusqu’au prochain Congrès National Extraordinaire».
Dans le document rendu public, signé par MM. Chérifi et Nebbou, intitulé «Plaidoyer pour un consensus», il est souhaité que le prochain congrès national extraordinaire (CNE) soit «consensuel» étant donné, indiquent-ils, que «le seul objectif est d’organiser le 6ème Congrès National Ordinaire d’ici la fin de l’année». Les deux signataires estiment ainsi que ce CNE «ne peut être un cadre de division». «Divisé, il ne sera pas en mesure d’organiser un Congrès National Ordinaire unitaire», avertissent-ils expliquant qu’«un parti désuni ne pourra pas affronter avec succès les défis présents et futurs : l’accompagnement du mouvement populaire et la menace sur l’existence du parti».
Pour les deux cadres du FFS, «l’addition des intelligences du parti pour faire face à ces défis est une urgente nécessité». Et afin de consolider leur projet d’unité des rangs –chose qu’a ratée le comité ad hoc installé à cet effet-, Chérifi et Nebbou insistent sur ce qu’ils appellent «les structures consensuelles» à mettre en place «à tous les niveaux du parti, local et national, permettant l’inclusion de toutes les intelligences militantes du parti».
Aussi, ils appellent à la «mobilisation de la base militante pour la réussite du Congrès national extraordinaire». Conscients de la difficulté et de la complexité de ce rendez-vous d’avril, et afin d’anticiper les coups de buttoirs de l’aile qui s’oppose à la tenue d’un congrès extraordinaire, conduite par Ali Laskri, les deux cadres du parti lancent à cette occasion un «appel aux militantes et aux militants» pour «sauver» le parti. Pour eux, «l’œuvre immédiate qui s’impose (à nous) est de reconstruire l’unité du parti pour assurer sa pérennité, poursuivre le combat de son père fondateur (…)».
Reconnaissant la dislocation du parti, ils regrettent que «depuis le dernier Congrès Extraordinaire, l’unité du parti, qui a fait sa force et lui a permis de surmonter toutes les épreuves depuis sa création, a volé en éclats, ses structures fragilisées, sa base militante désorientée et sa ligne politique malmenée». C’est pourquoi, insistent-ils, «un Congrès national extraordinaire est convoqué conformément à l’article 48 des statuts du parti pour élire une nouvelle Instance Présidentielle consensuelle à même d’organiser le 6ème Congrès National Ordinaire et Unitaire avant la fin de l’année».
Ali Laskri s’oppose
Pour justifier la démission récente des trois membres du Présidium débouchant automatiquement, selon les statuts du parti, à un congrès extraordinaire, le Premier secrétaire du FFS, Ali Belahcel n’a pas manqué de soutenir cette démarche. En guerre de tranchées avec l’aile opposée à sa direction, -conduite par Ali Laskri qui continue de recevoir le soutien des députés et sénateurs refusant de céder leurs mandats au Parlement-, Ali Belahcel estime que «l’instance présidentielle a échoué dans son rôle qui consiste à incarner cette présidence collégiale qui devait protéger la ligne politique du parti et veiller à la cohésion de ses militants éparpillés en multiples clans et désemparés». Pour lui, «la crise est tellement profonde que nous fûmes arrivés au fameux constat de l’impossibilité de répondre à cette échéance d’un congrès ordinaire dans les délais avancés», tenant, néanmoins, à impliquer son rival dans cette logique qu’il défend : «D’ailleurs la déclaration assumée par toute la direction nationale y compris Laskri, publiée le 11 Août dernier, a bien résumé la dramatique situation», soutient Ali Belahcel. Mi-pragmatique, mi-révolté, Ali Belahcel explique que «le comité ad hoc, qui a été désigné d’une manière collégiale pour tâter le terrain et préparer l’environnement idoine pour tenir une session extraordinaire du Conseil national, fut parasité et diabolisé par les partisans du statu quo», comme pour désigner l’opposition farouche de Laskri et ses partisans. Ce dernier, qui semble avoir anticipé sur ce qui se tramait chez le groupe à Belahcel, s’est publiquement déclaré contre la tenue d’un congrès extraordinaire dans sa déclaration du 7 mars dernier.
Comme à ses habitudes de chercher à pointer du doigt le pouvoir qui selon lui «cherche à phagocyter le FFS», Ali Laskri soutient que «face à la résistance des militants, (…) le pouvoir semble aller dans une démarche visant à mener un coup de force qui passe par la démission non actée de trois membres de l’Instance Présidentielle, démontrant une nouvelle forme de mise du FFS entre dans le bon vouloir de l’administration». Et de déclarer farouchement son opposition à ce CNE estimant que «la convocation de la CPCN d’une manière anti statutaire, les vraies-fausses démissions de l’Instance Présidentielle, la direction nationale non réunie dans toute sa composante (Instance Présidentielle, Comité d’Ethique et Secrétariat National), le conseil national non convoqué, étant le seul habilité à trancher quelle que soit la situation». Ali Laskri ne manquera pas de se démarquer de la décision à laquelle il s’est associé le 11 août dernier, annonçant que «le comité ad hoc n’ayant pas abouti dans la mission qui lui est dévolue, la note du 11 août 2019 devient de fait annulée». Il persiste par ailleurs à clamer que «la finalité de la tenue d’un Congrès Extraordinaire n’est que de faire perdre du temps et neutraliser le parti (…)», avant d’indiquer de son côté aussi que les préparations du Congrès national ordinaire, qui devait se tenir en juillet 2019, sont «toujours en cours».
M. A. T.