La mise en garde du laboratoire

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Le Valproate et dérivés, médicament connu sous le nom de Dépakine, destiné initialement aux épileptiques, fait objet d’une mise en garde à l’endroit du corps médical algérien quant aux contre-indications en cas de grossesse et chez les femmes en âge de procréer. La mise en garde vient du laboratoire Sanofi Aventis, commercialisant ce type de médicament, datée du 16 mai dernier pour attirer l’attention des professionnels de la santé algériens sur les effets dits tératogènes, à savoir des malformations congénitales et des troubles neurocomportementaux.

Selon cette missive de réévaluation de l’utilisation de Valproate chez les femmes enceintes et en âge de procréer, «il est désormais mal-indiqué, afin d’éviter toute exposition pendant la grossesse à ce médicament tératogène, de prescrire le Valproate». Le labo Sanofi commercialisant cette molécule et ses génériques en Algérie ira jusqu’à donner des taux d’atteinte, néanmoins importants, avec 10.7% pour les malformations et autres risques fœtotoxiques et 30 à 40% de troubles neuro-développementaux. En effet, sages femmes, pharmaciens, médecins gynécologues, pédiatres, neurologues sont avertis de ces risques majeurs de Valproate et ses dérivés, les invitant par delà à suivre les recommandations du programme de prévention des grossesses à l’effet d’évaluer le risque de grossesse au cas par cas.

Ce programme explicite demande à impliquer la patiente dans la discussion afin de garantir sa compréhension des risques pour son enfant liés à l’exposition au Valproate. En somme, l’on cherche à éviter toute grossesse sous Depakine, qui est désormais affichée comme médicament contre indiqué à cet effet, hormis l’exception qu’il n’y ait aucune alternative thérapeutique appropriée au traitement de l’épilepsie chez la femme enceinte, comme il est stipulé dans la correspondance. Une question importante se pose, cependant, sur les cas de femmes épileptiques traitées sous Depakine, depuis des années, alors que l’on ne connaissait nullement des effets dangereux de ce médicament.

Il y a certainement des victimes à ce jour non connues, même si cela reste non confirmé, mais sachant que ce médicament a fait scandale en France en 2014 et qui n’est pas prêt à se terminer, vu le nombre de couples et victimes qui demandent réparations pour leurs enfants victimes de troubles et malformations. Parmi ces victimes, Ait Hamouda Nadia, une Française d’origine algérienne qui ne cesse de nous appeler pour raconter son histoire avec le Depakine et surtout sensibiliser les femmes de son pays d’origine sur ces risques gravissimes de ce médicament. Notre interlocutrice évoque le cas de sa grossesse échouée à 8 mois, en juillet 2007, suite à sa prise de ce médicament pour soigner son mal épileptique.

«Ni le neurologue ni le gynécologue ne m’ont dit que c’était contre indiqué pour une grossesse. On ne m’a jamais mise au courant de la dangerosité du médicament (Depakine) sur le fœtus. Pour cause, les médecins l’ignoraient également. Aujourd’hui, nous sommes des milliers de victimes et nous devons notre combat à Mme Marine Martin, présidente de l association APESAC dont je suis membre». Le branle bas du combat de plus d’un millier de femmes au pays de l’hexagone, victimes de ce médicament, a fait éclaté un scandale que l’on veut passer sous silence, mais en vain. Loin de parler aujourd’hui du scandale «Depakine» en Algérie, il est fort probable que des victimes de médicament souffrent dans l’anonymat. Pour le moment, et mieux vaut tard que jamais, les directives du Labo en question sont claires et viennent à point nommé mettre un terme à un problème de santé publique, avec surtout les recommandations du PPG, pourvu qu’il soit suivi par les professionnels de la santé.

Nadir Touati

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