La règle 51/49, imposée aux étrangers désirant investir en Algérie, sera officiellement bannie dans la prochaine loi de finances complémentaire.
Un Conseil interministériel s’est tenu hier sous la présidence du Premier ministre, Abdelaziz Djerad, pour arrêter l’ébauche du projet de loi de finances complémentaire qui devrait être présentée incessamment devant le Parlement. Invité hier à l’émission de Souhila El-Hachemi de la chaîne III de la radio nationale, pour éclairer l’opinion publique sur la pandémie du coronavirus qui sévit en Algérie, le Premier ministre a profité de l’occasion pour évoquer les probables conséquences négatives de la chute drastique des prix du pétrole sur le double plan économique et sanitaire à l’ombre de la pandémie du Covid-19.
Djerad a ainsi étalé les dispositions prises par le gouvernement afin de faire face à cette nouvelle donne mondiale à répercussions dangereuses sur la fragile situation économique et sociale du pays. «Sur le plan économique, nous avons programmé, aujourd’hui (hier ndlr), un Conseil interministériel sur la loi de finances complémentaire. Cette loi constitue une occasion importante pour prendre des décisions essentielles sur l’avenir de notre économie», a déclaré le Premier ministre.
Celui-ci notera avec regret que «tout ce qui a été construit pour bloquer les investissements, tout ce qui a été fait pour empêcher l’Algérie de construire une économie réelle, la prochaine LFC va constituer le début d’une rupture progressive (avec le passé) et un début de processus de construction d’une vraie économie».
«Désormais, on ne parlera plus de la loi 51/49 sauf dans certains secteurs stratégiques», a tranché le Premier ministre, affirmant que «lorsque je déclare une chose je l’applique», en référence à la promulgation des textes d’applications devant rendre cette décision applicable sur le terrain.
La conception du projet de la LFC 2020 se pose sur trois axes, selon le Premier ministre qui est revenu avec insistance sur la question du développement de la ressource humaine comme base nodale dans la construction d’une «économie réelle et d’un système de santé qui profiterait à l’ensemble des Algériens». Le premier axe prend d’ailleurs en charge ce point, détaille Djerad, signalant qu’il sera surtout question du «développement de la ressource humaine, du développement du système de santé, de construire l’école algérienne, de construire l’université algérienne…», a-t-il répété.
Le deuxième axe, poursuit-il, concerne la transition énergétique, «notre souhait étant de ne plus parler de l’énergie de la rente, mais de celle de l’énergie renouvelable». Le troisième axe, selon Djerad, concerne l’économie de la connaissance et du numérique, pour «moderniser notre pays». Interrogé sur l’avenir des entreprises publiques en difficulté, le Premier ministre n’écarte pas de céder celles qui «ne parviennent pas à évoluer».
Il a assuré que «le gouvernement est en train de mener des réformes en examinant au cas par cas leurs situations (des entreprises publiques en difficulté ndlr) en vue de les soutenir». «Il existe des entreprises publiques qui méritent d’être renforcées. D’autres qui n’arrivent pas à évoluer et à faire des réformes, nous sommes en train de voir comment les reprendre, ou bien les céder», a expliqué Abdelaziz Djerad.
Le Premier ministre s’est dit contre la «distinction entre l’entreprise publique et celle privée», déplorant le fait que des personnes, qu’il a qualifiées de «brebis galeuses» avaient «profité de la manne pétrolière et de leurs relations avec des pouvoirs politiques antérieurs pour s’enrichir sur le dos du peuple algérien».
«Il existe des entreprises privées qui ont à leur tête des patriotes et des gens honnêtes (…) Nous soutiendrons des entreprises patriotes et citoyennes qui permettent réellement de créer la richesse dans le pays», a-t-il promis. Au sujet des importations, le Premier ministre est catégorique quant à l’interdiction des importations massives indiquant à ce sujet que «le ministre de l’Industrie et des Mines, Ferhat Ait-Ali Braham, est appelé à cet effet à élaborer une politique pour reconstruire l’industrie nationale qui a été malheureusement complètement dilapidée».
M. A. T.

