La wilaya de Bouira dispose de deux laiteries privées en activité qui produisent quelque 36 000 sachets de lait par jour, soit un déficit de 200 000 sachets pour couvrir les besoins de la population de toute la wilaya. C’est ce qui ressort toutefois des dernières statistiques de la direction du commerce mettant en évidence la crise aiguë ressentie en matière d’approvisionnement de lait en sachet. Même le chef-lieu de wilaya n’est pas épargné et les commerçants sont pris d’assaut lorsque le camion frigo effectue sa livraison.
Actuellement, des laiteries de Tizi-Ouzou, Bejaia et Boumerdès octroient des quotas pour la population de Bouira mais le nombre de sachets attribués demeure en deçà des besoins réels des citoyens. Même les mesures adoptées à l’époque interdisant aux cafétérias de s’approvisionner en lait en sachet ne sont pas respectées et il faut dire que ce sont les propriétaires de ces cafés qui accaparent la part du lion auprès des commerçants. Même au-delà de 20h, lorsque certaines supérettes sont approvisionnées par les livreurs, plusieurs cagettes sont entassées dans un coin pour les cafés et ce n’est qu’ensuite que les clients privilégiés seront servis.
Pour les autres, il faudra débourser une somme supplémentaire pour avoir trois sachets de lait subventionné plus un sachet de ‘’lait de vache’’, du moins, un liquide dénommé sous cette appellation et qui coûte 80 da. Cette vente concomitante est quasi omniprésente à travers toutes les échoppes de la wilaya de Bouira et impossible pour le client d’y échapper. ‘’Au lieu d’avoir quatre sachets de lait à 100 dinars, je dois débourser le double car les commerçants nous imposent un sachet de 80 voir 100 da et uniquement trois sachets de lait subventionnés.
Une sorte de chantage qui nous renvoie aux pratiques mercantiles des années 1980 lorsqu’on devait acheter une faucille avec une boite de concentré de tomate’’, s’indigne un père de famille. Pour les commerçants, l’obligation d’acheter le lait de vache est une répercussion des pratiques des laiteries elles-mêmes. ‘’On nous impose un quota de lait de vache, parfois du ‘’lben’’ ou encore des sachets de ‘’Raib’’ et nous devons l’écouler…Pour cela nous demandons aux clients de nous ‘’ aider’’ en achetant un sachet de ces produits laitiers imposés‘’, indique le propriétaire d’une superette de la ville de Bouira.
D’autres villes avoisinantes au chef-lieu de wilaya sont elles, carrément zappés par les livreurs de lait, à l’exemple d’El Esnam où les livreurs ‘’oublient’’ de déposer leurs cargaisons en pénalisant ainsi la population. La distribution du sachet de lait subventionné est un créneau sur lequel doivent se pencher en urgence les services de la direction du commerce de la wilaya en sévissant à l’encontre des contrevenants. À souligner que la wilaya de Bouira, wilaya à vocation agricole produit quelque 70.000.000 de litres de lait annuellement, mais la production se retrouve hors du circuit de collecte qui n’engrange à peine 34%, selon toujours les statistiques de la direction des services agricoles.
Hafidh Bessaoudi