«L’allocation augmentée à 10 000 DA reste insuffisante»

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La Dépêche de Kabylie : L’allocation destinée aux personnes handicapées a été augmentée à 10 000 DA. Votre commentaire ?

Smaïl Benhamna : Cette augmentation à 10 000 DA est insuffisante, car on ne peut pas vivre avec cette somme. En plus de cela, beaucoup de personnes handicapées sont mariées et ont des enfants à charge. En outre, cette augmentation ne concerne que les handicapés à 100 %, les autres n’en bénéficient pas. Celui qui a un taux d’handicap de 99 % n’est pas concerné. Il y a aussi les vieux et les vieilles qui n’ont que l’Allocation forfaitaire de solidarité (AFS) de 3 000 DA. Leur permet-elle vraiment de vivre ?

D’autre part, il faut savoir que nous avons environ 36 000 handicapés recensés et que cette augmentation ne concerne que 15 000 parmi eux. Aussi, il y a plusieurs autres cas non recensés et inconnus par les services de l’Action sociale. Ajoutons à cela, le fait que la quasi-totalité des handicapés ne jouissent pas d’un poste de travail. Certes, on dit que le taux a augmenté à 2%, mais c’est un leurre car les employeurs ne respectent pas ce quota.

A Tizi Ouzou, même la Fonction publique n’applique pas cela. Il faut aussi signaler que des handicapés souffrent de maladies chroniques. En tout cas, avec 10 000 DA, il est pratiquement impossible pour une personne en situation de handicap de vivre dans la dignité. Il nous faut un barème comme cela se fait dans d’autres pays, le SMIG pour les handicapés à 100 % et 80 % du SMIG pour ceux ayant un taux de handicap de moins de 100 %.

Quels sont les problèmes les plus urgents que rencontrent les personnes à mobilité réduite ?

Les problèmes les plus cruciaux de cette catégorie sociale sont indéniablement ceux de l’accessibilité, l’insertion socioprofessionnelle, c’est-à-dire les postes d’emploi, le logement, sachant qu’il n’y a pas de quota réservé à cette catégorie. Sans oublier le transport, notamment pour les enfants scolarisés. Il y a aussi le manque d’infrastructures scolaires pour les enfants handicapés surtout les retardés mentaux et les non-voyants. Nous n’avons également pas de centres de formation spécialisés pour cette frange de la société.

En plus de cela, les infrastructures sportives et de loisirs ne sont pas dotées d’accès pour les personnes à mobilité réduite outre le manque de soins, de matériel orthopédique. A titre d’exemple, un fauteuil roulant électrique ou un tricycle à moteur coûte 20 millions ou 30 millions de centimes. Ce n’est pas à la portée de quelqu’un qui perçoit 10 000 DA mensuellement.

Quel est l’apport de l’APW à cette catégorie ?

Même si le budget de wilaya est maigre, notre Assemblée fait de son mieux pour accompagner cette frange. Cette année, nous avons voté une enveloppe de 15 millions de dinars pour l’acquisition d’un matériel orthopédique que nous allons leur distribuer. Nous avons également voté un million de dinars pour acquérir un logiciel pour l’éducation des enfants handicapés ainsi que des manuels scolaires, au profit des établissements des handicapés.

Un dernier mot peut-être?

Il sera en direction des autorités compétentes pour établir un statut particulier pour les handicapés et une carte sociale à l’échelle nationale pour établir un fichier national des handicapés, mais aussi à revoir leur allocation à hauteur du SMIG. Il faudra aussi penser à revoir à la hausse les pensions destinées aux bénéficiaires du pré-emploi, qui continuent de percevoir 5 440 DA, et l’AFS qui est de l’ordre de 3 000 DA. Il y a des pères et des mères de familles qui travaillent cinq heures par jour et ne gagnent que 5 440 DA.

Peuvent-ils garantir le minimum à leur progéniture. Il faut également mettre en application la loi dans le cadre de l’emploi. Les employeurs doivent être obligés de réserver 2 % de leur effectif aux personnes handicapées. Quant à la licence d’importation de véhicules attribuée aux handicapées, c’est également un leurre, car aucun concessionnaire ne l’applique.

Entretien réalisé par H. T.

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