L’artiste Abderrazak Ghozlan s’en est allé

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L’enterrement du chanteur kabyle des années 1960/1970 Aderrezak Ghozlan, qui s’est éteint avant-hier en son domicile à Bouzkout dans la commune de Bousselam (Sétif), à l’âge de 71 ans, est prévu pour aujourd’hui, au cimetière Sidi-Ali de son village natal. Ghozlan, grâce à sa première chanson «A tomobil», sortie en 1967 et devenue un véritable hymne de l’exil, est entré dans la cour des grands des artistes kabyles issus de l’émigration, à l’instar de Slimane Azem avec lequel il a tissé une amitié dépassant les frontières de l’art.

L’enfant cher à Bouzekout a quitté l’Algérie à l’âge de 4 ans pour s’installer en France avec sa famille. Mais ce fut au pays qu’il a découvert son penchant pour la musique. En France, jeune, il avait excellé dans les études, mais son talent dans la composition des musiques et poèmes l’a poussé à suivre le chemin de l’art. Il a sorti alors son premier disque, qui l’a fait connaître du public de l’exil et de celui de son cher pays «A tomobil». Il a enregistré pas moins de 48 chansons, en l’espace de 20 ans, durant ses années d’or. Elles traitaient plusieurs sujets, notamment l’exil, la nostalgie du pays et aussi l’amour.

Sa belle voix lui a d’ailleurs valu le surnom de rossignol et ses connaissances en musiques orientale et occidentale lui ont permis d’avoir un style moderne unique, surtout avec sa maîtrise de la guitare. Cet ancien stagiaire de l’Institut des techniques aéronautiques, n’ayant pas supporté l’exil, a décidé en 1986 de rentrer en Algérie pour y rester. Depuis, Ghozlan a sombré dans la solitude. Il a préféré alors vivre et rester dans l’anonymat pour des raisons que seul lui connaissait. C’était également un artiste polyvalent, qui a passé la plupart de son temps dans son village à sculpter le bois.

Toutefois, Abderrazak Ghozlan a toujours gardé contact avec les enfants de son village surtout les jeunes, qu’il initiait à la musique. Petite anecdote, qui s’ajoute à sa vie mystérieuse, ce chanteur possédait un grand nombre de chats qui lui tenaient compagnie. Il est tombé malade et fut hospitalisé, l’été dernier. Rencontré, Ghozlan avait souhaité se rétablir et faire une tournée à travers les régions de Kabylie. Mais le destin en a voulu autrement. Ainsi, l’un des pionniers de la chanson moderne de l’exil a tiré sa révérence et rejoint sa dernière demeure.

Mais son mystère restera pour faire parler de lui afin que nul n’oublie ce chanteur venu du néant qui est parvenu à se frayer une place parmi les grands, lui qui a chanté haut et fort ce que l’on ressent tout bas et a mené une vie discrète. Son apport à la chanson kabyle et sa voix particulière sont inoubliables.

Nadir Touati

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