Le bal des candidatures !

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La course à la présidentielle prévue pour le 12 décembre prochain s’annonce d’ores et déjà tumultueuse. Plusieurs anciennes figures du système se sont portées candidates. Le climat délétère, empreint de confusion, n’a pas empêché plus de 80 personnes de se porter candidates à l’élection présidentielle prévue pour la fin de l’année. Le bal a été ouvert par Ali Benflis, 75 ans, ancien Chef du gouvernement sous Bouteflika, mais aussi deux fois candidat malheureux à la présidentielle, en 2004 et en 2014.

Sa candidature fait couler beaucoup d’encre. Nombreux sont ceux qui considèrent qu’il a «cédé sur ses positions initiales», lui reprochant de «renoncer» aux conditions qu’il avait émises pour sa participation à cette épreuve électorale. Ali Benflis, avant l’annonce officielle de sa candidature jeudi dernier, au terme de la réunion du comité central de son parti Talaie El Hourryet, avait énoncé, fin août dernier, quatre conditions comme préalables à sa participation à l’élection. Il s’agissait, rappelons-le, de «la libération des détenus d’opinion, la levée des contraintes sur les espaces publics, la libération des médias et la levée du blocus sur la capitale» ; «Le départ du gouvernement Bedoui devenu un facteur essentiel du blocage actuel et son remplacement par un gouvernement de compétences nationales pour gérer les affaires courantes» ;

La troisième condition est «l’institution d’une Autorité électorale indépendante disposant de toutes les prérogatives pour préparer, organiser et contrôler le processus électoral présidentiel, de la révision des listes électorales à la proclamation des résultats». Et enfin, il avait exigé de «réviser la législation électorale en vigueur pour éliminer les foyers de fraude, combler les lacunes, réexaminer la structure du processus électoral et lever les obstacles au libre choix des électeurs et garantir un scrutin honnête». Qu’à cela ne tienne, Benflis est candidat sans chercher après ses préalables.

Lui emboitant le pas, dans la même journée, Abdelmadjid Tebboune, aussi Premier ministre sous Bouteflika, avant d’être délogé trois mois après sa désignation à ce poste, a retiré les formulaires de candidatures et annoncé sa participation au scrutin présidentiel. Une concurrence qui a fortement déplu à son ancien camarade Benflis, qui n’a pas hésité à le fustiger : «Si Tebboune présente sa candidature à la présidentielle, cela signifie qu’on est dans un cinquième mandat avec un nouveau nom…

C’est une dénaturation de la prochaine élection présidentielle», avait-il déclaré lors d’une conférence de presse. Tentant de calmer le jeu, l’ancien ministre de l’Habitat a considéré que «ce n’est pas le temps de polémiquer». Tebboune s’est considéré «victime de la bande, lui et son fils» et a estimé qu’«il faut remettre le pays sur les bons rails». Il a souligné : «L’Algérie a besoin de tout son peuple et, au vu de ma formation économique, ma priorité sera accordée à l’économie». Il ajoutera que son projet «est de séparer l’argent du politique et d’assainir l’environnement économique». Tebboune assure même «avoir la primauté de la revendication du changement que fait aujourd’hui le peuple algérien».

Pour sa part, le RND, la formation de l’ancien Premier ministre Ahmed Ouyahia, aujourd’hui détenu à El Harrach, dit «ne pas vouloir rester en marge de l’événement». Bien que décrié par la rue, le parti envisage une participation à l’élection présidentielle. À travers un communiqué officiel, il a annoncé qu’il «va retirer les formulaires de candidatures dimanche (ndlr aujourd’hui)». Tout porte donc à croire que le secrétaire général du parti, Azzedine Mihoubi, ancien ministre de la Culture sous Bouteflika, est bien parti pour cette mission.

Néanmoins, la décision finale sera prise lors d’une session du Conseil national du parti. L’option d’apporter un soutien à un autre candidat n’est pas à exclure non plus. Le FLN, en situation inconfortable depuis le début du mouvement populaire qui crie son rejet de ce parti, ne baisse néanmoins pas les bras. Le nom de Belkhadem circule dans les cercles restreints comme le candidat du parti. Si pour l’heure la candidature n’est pas actée, l’intention de participer y est, selon des proches de ce personnage, qui fut, notons-le, Chef du gouvernement, puis ministre d’État, conseiller spécial à la présidence de la République avant que le président déchu ne mette fin à ses fonctions en 2014.

Les islamistes à l’affût

Les partis islamistes ne comptent pas, non plus, laisser filer le rendez-vous du 12 décembre prochain. Si El Islah, de Filali Ghouini, a tranché pour sa participation, au même titre d’ailleurs que l’ANR de Belkacem Sahli. Abdellah Djabellah, lui, est resté ambigu dans sa décision, son parti ayant tranché, hier, de ne pas présenter de candidat, tout en n’écartant pas la possibilité de soutenir un candidat de consensus ou de s’allier avec un postulant. Quant au MSP, la décision devrait être connue dans les prochaines heures.

D’autres candidats sont en lice pour le scrutin, à l’instar de Belaid Abdelaziz, qui était aussi, jusqu’à la dernière minute, candidat à l’élection annulée du 4 juillet dernier. Bengrina, également un ancien de la scène politique, compte lui aussi tenter sa chance. La surprise est venue en revanche de Fares Mesdour, un économiste controversé qui a gagné en notoriété grâce à certains médias. Par ailleurs, si la feuille de route électorale semble prendre forme, le FFS, le RCD, le PT… ainsi que plusieurs personnalités politiques campent sur leur position, celle du rejet de cette élection, dans le fond et dans la forme, plaidant pour «une transition démocratique».

K. H.

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