Le barrage d’eau pris d’assaut

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De nombreux pêcheurs des différentes régions de la wilaya, et même de Bouira, prennent d’assaut le barrage d’eau de Draâ El-Mizan dès les premières lueurs du jour.

Dès les premières heures de la matinée jusqu’avant le coucher du soleil, on voit les pêcheurs sur les berges de cette étendue d’eau s’adonner à leur passion. Parfois, certains amateurs, même s’ils n’attrapent rien, ils sont satisfaits de passer une journée à attendre que le poisson morde à l’hameçon.

«Avec le temps, j’ai appris non pas à pêcher mais à être patient. C’est un exercice passionnant. Les personnes impatientes doivent s’abstenir. Mais ce qui me plaît le plus, c’est de voir toutes ces lignes jetées à l’eau et leurs propriétaires les surveiller attentivement. En dépit de la forte chaleur, le plaisir ressenti est indescriptible. Aujourd’hui, la partie a été belle, car j’ai réussi à retirer 3 belles carpes d’environ 2 à 3 kilos chacune», affirme un pêcheur venu de Lakhdaria. Et de poursuivre: «La première fois que je suis venu ici, c’était en 2014. Depuis, je reviens souvent dans cet endroit que je trouve magnifique.»

Notre interlocuteur nous parlera ensuite de l’ambiance qui y règne. «Dès que quelqu’un pêche un morceau, c’est l’explosion de joie parce qu’il y a des moments où la pêche est miraculeuse, surtout lorsqu’on retire une casserole ou un autre objet», nous confiera le même pêcheur. «Ce sont des poissons d’eau douce. Pour les cuire, il faut connaître la recette. Tout d’abord, la carpe sera écaillée, puis rincée à grande eau avant de la laisser dans l’eau salée toute la nuit. Le lendemain, elle sera farcie puis mise au four. Son goût est alors succulent», expliquera un autre habitué des lieux et de surcroit un bon gastronome.

En plus de ce plaisir, des liens d’amitié se nouent entre ces mordus de la pêche. «Chacun de nous apprend à l’autre la position à tenir et toutes les autres astuces pour apprendre à pêcher parce que certains ne savent même pas comment tenir une canne à pêche», ajoutera un autre pêcheur. S’il est vrai que ce barrage d’eau regorge de poissons, notamment les carpes, il y a lieu de souligner que les pêcheurs se plaignent des agriculteurs qui le polluent. «Il faut interdire aux agriculteurs de recourir aux motopompes, car elles laissent échapper du mazout dans l’eau. Cela a des conséquences néfastes sur les poissons. Il faut que les services concernés trouvent le moyen d’équiper ce barrage d’une station électrique et de le doter d’équipements non polluants», suggère un autre intervenant.

En tout cas, passer une journée aux bords du barrage, pour certains, est une manière de décompresser, après une semaine de travail et de fatigue. «C’est ici que je retrouve le calme et l’équilibre. Pour moi, attraper un poisson ou rentrer bredouille, c’est la même chose. L’essentiel est de passer une journée agréable en compagnie de mes collègues, avec lesquels je partage la même passion, loin du bruit des moteurs de la ville et du stress», dira un fonctionnaire dans une administration à Bouira.

A noter que la présence de ces pêcheurs dissuade les petits plongeurs qui viennent s’y baigner, au péril de leur vie. «La nage est dangereuse dans ce barrage envasé. Les responsables doivent prendre les mesures qui s’imposent, afin d’éviter des drames car la région en a connu beaucoup», estime un autre intervenant.

Amar Ouramdane

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