Amar Madaoui, président de l’association écologique Assirem Nuzejig N Uzzyum d’Akbou, revient dans cet entretien sur la vocation de l’association qu’il dirige et fait part de ses projets.
La Dépêche de Kabylie : Comment vous est venue l’idée d’organiser le concours de l’école la plus propre dans la commune d’Ighram ?
Amer Madaoui : Organiser le concours de l’école la plus propre est un projet de longue date. Au début, j’avais conçu un document incitant à la sauvegarde de l’environnement et sa protection. Avec l’aide d’un ami, j’ai créé le premier club écologique de la région dont l’objectif majeur était d’organiser le premier concours de l’école la plus propre entre les établissements scolaires de la région. Pour ce faire, j’ai contacté, en premier lieu, M. Salhi, maire d’Akbou. Ce dernier, attentif, m’a orienté vers son vice-président chargé de l’environnement, M. Djedda. Réorienté vers un autre secteur, le projet est tombé à l’eau. Au niveau de la commune d’Akbou, ce fut un échec. Au mois de mars dernier, j’ai rencontré M. Ouazar Samir, vice-président de la commune voisine, Ighram, laquelle avait affiché son intérêt pour ce projet. Nous avons ensuite installé avec M. Bedjou, ingénieur en environnement, des commissions pour veiller sur le concours. C’était trois mois de travail en parfaite harmonie avec les dix écoles participantes. Cela a abouti à l’élection, pour la première fois, de l’école la plus propre de la commune d’Ighram. Au-delà de la symbolique de ce concours, je peux vous assurer qu’il a beaucoup changé ces établissements. Ils sont devenus non seulement propres mais aussi embellis, tout en impliquant les enfants dans différents ateliers et diverses activités.
Originaire de Taslent, un village rural, comment est née votre passion pour l’écologie ?
Ma naissance était purement naturelle. Comme anecdote, ma mère a accouché de moi en pleine nature (sourire…). Je n’ai pas vu le jour à la clinique ou à l’hôpital. Ceci dit, une histoire d’amour me lie à l’environnement. C’est très intime. Je perçois un salaire de 20 000 DA à la commune d’Akbou. Je m’occupe des rares espaces verts qui existent encore. Une simple vie, celle d’un paysan, à laquelle je m’attache. Mais c’est suffisant pour moi.
Oued Soummam est menacé par une pollution alarmante et une dégradation de son environnement. Comment peut-on associer les différents acteurs pour éloigner cette menace ?
Mon souhait est d’organiser un Hirak écologique ! Oued Soummam est pollué. D’autres oueds aussi. Les nappes phréatiques sont infectées sans susciter aucune réaction chez les pouvoirs publics. C’est étonnant ! Le constat, tout le monde le connaît. Par contre, aucun plan d’action n’est prévu et aucune réflexion n’est faite. Du coup, aucune volonté n’est affichée.
Que doivent faire les responsables locaux, dont ceux de l’environnement, pour aider les acteurs dévoués, comme vous ?
Préserver l’environnement est l’affaire de tous. Ceci n’est pas un slogan. Ce n’est pas non plus un écrit émanant des bureaux, de simples rencontres autour d’une table ou à l’issu de conférences. Si on veut protéger notre environnement, il faut s’impliquer davantage. Il faut justement sortir des bureaux et s’attaquer au phénomène de la pollution sur le terrain. Tout commence par la sensibilisation, d’abord des parents, ensuite des établissements étatiques ou privés. L’école et la société civile jouent un rôle prépondérant. C’est à partir de là que l’enfant ou le jeune peut être initié à la protection de l’environnement par de simples gestes. Il faut revenir à l’éducation de base qui consiste à inculquer aux petits enfants les notions de l’écologie et comment en prendre soin. Ce premier concours doit être un prélude pour en créer d’autres. Pourquoi pas le concours du meilleur quartier, de la meilleure rue, du meilleur balcon, du meilleur jardin et espace vert… Il faut offrir les moyens nécessaires aux associations, qui militent pour l’environnement. A titre d’exemple, nous avons créé l’association écologique «Assirem Nuzejig N Uzzyum» (Espoir et fleur d’Auzium) qui ne dispose, à ce jour, ni d’un local, ni d’une subvention !
Entretien réalisé par Menad Chalal