Après avoir passé un été difficile, les éleveurs de volailles se frottent les mains à l’idée de renflouer leurs caisses en ce début de l’hiver. Les prix du poulet affichés ces derniers jours sont si élevés qu’ils rebutent le consommateur qui ne sait plus à quel saint se vouer. En boucherie, où les coûts de la viande rouge est inabordable depuis bien longtemps, le poulet a repris du poil de la bête jusqu’à afficher 400 dinars le kilo. «420 dinars, il y a deux jours», dit un boucher qui finissait d’envelopper une volaille cédée à 1 200 DA.
Les clients qui se regardaient rappellent qu’au mois d’août dernier, le poulet ne trouvait pas acquéreur, même en pleine période des fêtes. Pour ceux qui préfèrent s’approvisionner chez les vendeurs de poulet sur pied, le marché n’est guère plus clément. À 300 DA le kilo, un poulet moyen revient à près de 1 000 DA. «La situation réjouit les éleveurs qui ont osé rouvrir leurs poulaillers après la débâcle de l’été dernier», souligne Karim, vendeur, soulignant qu’il avait fermé la veille faute de marchandise. «J’ai été jusqu’à El Ksar, dans la wilaya de Béjaïa, pour chercher une cargaison», dira-t-il. Pour lui, éleveur occasionnel, les raisons sont multiples.
Il y a peu de producteurs qui ont investi dans la filière après avoir perdu entre 80 et 100 DA le kilo. Les prix de l’aliment vendu actuellement à 5 000 DA le quintal sont encore une fois désignés comme un frein au développement de la filière et à la stabilité des prix. Selon notre interlocuteur, «la baisse des produits de l’alimentation des volailles se répercuterait rapidement sur celui de la viande blanche.» Pour palier au manque de viande trop chère, le consommateur qui serait tenté de se rabattre sur les œufs, se retrouverait face à des prix jamais atteints.
Les commerçants qui vendent le plateau de trente pièces à 400 DA, affirment que «ce n’est pas fini. Il pourrait coûter plus cher dans les jours à venir, faute de disponibilité.» Malheureusement, le poisson, seul refuge pour consommer des protéines, ne descend pas de 400, voire de 500 DA le kg pour la sardine. Décidément, le consommateur n’a pas fini de manger son pain noir.
A. O. T.

