Au mois de janvier 2015, Hocine Nassib, à l’époque ministre des Ressources en eau, avait procédé à la pose de la première pierre pour la réalisation d’une station d’épuration des eaux usées dans la ville d’Akbou. Un projet qui n’a pas été livré à ce jour. L’ex-ministre avait même déclaré, lors d’un point de presse : «Notre objectif dans la wilaya de Béjaïa est d’atteindre zéro rejet en mer aux alentours de 2020.» Alors qu’un autre projet de station d’épuration prévu à Sidi Aïch, dont les travaux, même au ralenti, sont en cours, celui d’Akbou n’arrive pas à voir le bout du tunnel.
Ce projet tant attendu par l’ensemble des citoyens et des responsables locaux traine toujours et les travaux peinent à atteindre la cadence espérée. Selon nos sources, le taux d’avancement des travaux n’a atteint que 47 %, cinq années après son lancement. Une visite sur les lieux est suffisante pour voir que le chantier est à l’abandon. Il n’y a que la loge du gardien qui est encore en service. «On doit reconnaître que tout est à l’arrêt. Personne ne vient sur le chantier», affirment les deux gardiens trouvés sur les lieux, sachant que l’Ordre de service (ODS) a été délivré, en août 2014.
En mars 2017, vu, notamment, le retard enregistré, l’Office national d’assainissement (ONA), maître d’ouvrage, a décidé, selon nos sources, de résilier le contrat avec le groupement d’entreprises algéro-espagnol, censé réaliser ce projet. Ensuite, des appels d’offre ont été lancés, mais ils ont été tous déclarés infructueux. Cependant, nos sources ont révélé que l’entreprise publique de réalisation de forages hydrauliques et de travaux électromécaniques FOREMHYD a décroché le marché et les travaux ont repris timidement pendant 7 mois, soit depuis novembre 2018 jusqu’à mars 2019.
Le motif de cet ultime arrêt des travaux est la crise politique que vit actuellement le pays. Le projet n’a pas été, avoue-t-on, visé par le ministère et la tutelle. Aux dernières nouvelles, le 9 septembre dernier, une réunion regroupant le wali du Béjaïa, le P/APW, le directeur général de l’ONA et des responsables locaux a eu lieu à l’effet de se pencher sur l’avenir de ce projet. Cette réunion avait pour objectif de relancer les Stations d’épuration des eaux usées (STEP) de Sidi Aïch et d’Akbou.
«La station de Sidi Aïch sera opérationnelle d’ici le mois décembre, juste après l’acquisition du matériel nécessaire (…)», avait déclaré M. Ahmed Maâbed, wali de Béjaïa, à l’issue de cette réunion. Pour la STEP d’Akbou, le premier responsable de la willaya n’a pas précisé la date de son lancement ou de sa réception. Pour Mouloud Salhi, le P/APC d’Akbou, ce projet est une priorité primordiale. «Nous avons à maintes reprises sollicité les autorités concernées afin de relancer ce projet, en vain», a-t-il confié. A signaler qu’il est confié à un groupe algéro-espagnol pour une durée de réalisation de 24 mois.
La station est implantée sur une superficie de 6 ha sur la rive d’Oued Soummam, tout près de la zone d’activités Taharacht. Quel est son rôle ? Selon les ingénieurs présents sur les lieux, il s’agit d’une installation destinée à épurer les eaux usées domestiques ou industrielles et les eaux pluviales avant le rejet dans le milieu naturel. Le but du traitement des rejets est de séparer l’eau des substances indésirables pour le milieu récepteur. Par ailleurs et dans sa phase de réalisation, ce projet permettra de créer 300 postes d’emploi et 25 autres permanents en phase d’exploitation.
Quant à son impact, il permettra, notamment, «la protection du milieu récepteur, c’est-à-dire Oued Soummam». La station d’épuration prévue à Akbou est aussi dotée d’une capacité de 100 000 équivalents habitants et d’un débit journalier de 16 000 m3 avec une autorisation de programme de 100 milliards de centimes. Un projet bien accueilli par l’ensemble des habitants d’Akbou. «Sa réalisation sera une chance de plus pour sauver la nappe phréatique de la Soummam de la pollution», note un enseignant dans le domaine du traitement des eaux usées. A noter que la zone d’activités de Taharacht, englobant plus de 60 unités, ne dispose que d’une seule station de traitement qui épure leurs rejets.
Menad Chalal

