L’eau de l’oued polluée

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L’eau de l’oued qui traverse le chef-lieu communal d’Aït Yahia Moussa a carrément changé de couleur. Ce n’est plus qu’un liquide noirâtre. En cause, les dizaines d’huileries mises en branle pour accueillir la production oléicole qui y déversent quotidiennement leur margine. La rivière est pourtant longée par une multitude de puits qui alimentent les habitants de la région et des localités limitrophes en eau, surtout que l’eau du réseau AEP n’arrive pas dans de nombreux villages de la commune et de celles de Draâ El-Mizan et M’Kira. «Le seul forage qui alimente notre chef-lieu communal se trouve à une dizaine de mètres de la rivière.

Et avec la sécheresse de ces dernières semaines, l’eau s’est réduite en un menu filet, si bien que la margine et parfois même les eaux usées jetées dans l’oued peuvent contaminer ce puits réalisé à la fin des années 70. Il y aussi des puits d’où est puisée l’eau vendue dans des citernes. En plus de tout cela, il y a une odeur nauséabonde qui se dégage de cette rivière. Il suffit de se pencher du pont qui relie les deux rives du chef-lieu communal pour en être indisposé», nous dira un habitant de l’immeuble en face de l’ex-siège APC.

Les citoyens de toute la municipalité sont inquiets devant cette situation qui n’a que trop duré. «Cette rivière traverse aussi le village Maâmar. Des réclamations ont été faites, en vain. Nous avons même demandé des bassins de décantation afin de limiter cette pollution. Personne ne nous a écoutés», déclarera un habitant du village. Pourtant, cet oued est pris en compte dans le remplissage du futur barrage d’eau en cours de réalisation à Souk N’Tletta.

C’est le même constat au niveau du cours d’eau, le plus important parce que alimenté par l’oued Boghni, du côté du CW128. Là aussi, la margine a fait des ravages, parce que les huileries de Boghni déversent leurs rejets de ce côté-là. «Il est temps que les services concernés prennent les mesures qui s’imposent, avant qu’il ne soit trop tard, notamment à l’égard des propriétaires des huileries qui devraient trouver des moyens adéquats en vue de stocker par exemple leur margine dans des citernes pour éviter de les jeter directement dans ces cours d’eau», appellent de leur vœux les citoyens. Par ailleurs, il nous a été donné de constater qu’aux abords de ces huileries sont déposées des tonnes de grignons, qui, une fois les machines à l’arrêt, deviennent des points de départ de feux.

Pourtant, c’est là une matière qui pourrait être utilisée dans le compostage. Surtout que leur incinération incommode les usagers des axes routiers (RN 25 et CW128) et les villages voisins. Si l’huile représente une ressource inestimable pour des milliers d’habitants de la région, il est tout de même nécessaire d’avoir un œil sur l’activité, de la réglementer et éviter ses effets néfastes sur la santé publique et l’environnement.

Amar Ouramdane

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