L’abandon ces dernières années, par les pouvoir publics, des villages ruraux notamment ceux de montagne dans la région de M’Chedallah a précipité l’exode de centaines de familles. Les raisons sont identiques et elles sont entre autres dues au manque de moyens de développement, aux habitats précaires, aux conditions climatiques difficiles et à la précarité sociale.
La commune de Saharidj, pour ne citer que celle-ci, est sans aucun doute la plus touchée par cet exode rural qui a débuté dans les années 1990 avec l’arrivée des hordes terroristes à partir de 1994 dans les maquis qui entourent ces villages et le retard mis par l’État à sécuriser ces agglomérations. Ces derniers n’ont, rappelons-le, vu l’installation des détachements de la garde communale et des postes avancés de l’ANP qu’à partir de 1996, exception faite du chef-lieu de commune dont les détachements des services de sécurité ont été installés en 1994.
À l’heure actuelle, le village Imezdhourar, dernier en haute montagne de la commune, est à plus de 80 % abandonné par ses habitants. Celui mitoyen d’Ath Illiten frôle les 60 % et les départs continuent de plus belle pour ce dernier, et ce à cause d’un effroyable mouvement géologique qui s’est manifesté autour et à l’intérieur du village en 2015 et qui s’est dangereusement aggravé durant l’hiver passé.
Des promesses de délocalisation sans lendemains
Rappelons qu’à propos du village Imezdhourar, une décision de le délocaliser à proximité d’Ath Hamad au lieu-dit Tissighit à côté de l’actuel CEM a été prise en 1992 avec un quota de 50 logements ruraux de type groupé. Seulement, l’opération n’a jamais vu le jour. Dans la même commune, une autre décision d’attribution de 50 autres logements du même genre a été prise en 2014 au profit du village Ath Ali Outhemim qui a été rasé par les forces coloniales en 1957.
Heureux de regagner leur village, les habitants se sont mobilisés pour dégager une assiette de terrain à proximité de l’ancien village allant même jusqu’à réaliser en 2017 les travaux de terrassements sur le terrain en question et l’ouverture d’une piste par le système volontariat (thiouizi). Le projet s’est arrêté à ce niveau et risque de ne jamais voir le jour. La même opération de reconstruction de leur village Ivelvaren, mitoyen d’Ath Ali Outhemim, détruit durant la même année, a été tentée par les villageois mais n’a pas été menée à terme.
Ces deux villages sont à l’heure actuelle complètement vides. Le village Ighil Hamad qui a subi le même sort lui aussi n’a pas été reconstruit. Dans la même commune, une autre promesse d’attribution d’un quota de 50 logements ruraux au village Ighzer Iwakuren incendié en 1957 en même temps que celui de Tadert Lejdid a été faite par l’actuel wali, Mustapha Limani, en 2016 mais les villageois ne voient toujours rien venir.
À noter que tous les résidents de ces villages détruits par l’armée coloniale ont été parqués dans des camps de concentration où ils y sont toujours au chef-lieu de commune de Saharidj, à Vouaklane et Raffour dans celle de M’chedallah, au chef- lieu de commune d’Ahnif et Ighrem dans la même municipalité. Dans la commune de Saharidj, le seul village regagné par ses habitants après l’indépendance après avoir été incendié en 1958 est celui d’Aggach.
Il y a lieu de signaler qu’un autre village, Selloum en l’occurrence, dans la commune d’Aghbalou ne tardera pas à se vider de ses habitants si rien n’est fait en urgence pour mettre fin aux phénoménaux mouvements géologiques qui ont commencé à se manifester en 2015 et qui s’aggravent d’avantage à chaque retour des perturbations climatiques.
Dans ce village aussi, il a été question de sa délocalisation, du moins des villageois directement menacés par ces effroyables glissements de terrains vers une parcelle relevant du domaine forestier à quelque 600 mètres au nord-ouest de ce village sinistré au sens le plus large du terme. Une promesse faite par les anciens walis de Bouira mais qui n’a jamais été tenue à ce jour.
La seule opération entreprise à ce jour au niveau de cette agglomération où plusieurs habitations se sont effondrées et d’autres dangereusement fragilisées par les terrifiants glissements de terrain est la prise en charge tardive du tronçon de la RN 15 emporté par un glissement de terrain durant l’hiver passé et sur lequel la circulation n’est pas rétablie à ce jour. Le dernier village qui s’est à moitié vidé de ses habitants est celui d’Ath Yevrahim dans la commune de M’chedallah, dont les villageois se sont en majorité déplacés à Thamourt Ouzemour pour édifier des maisons sur des terrains agricoles hautement fertiles.
Des terrains qui se réduisent comme une peau de chagrin, suite à une avancée effrénée du béton. Le même phénomène est observé sur les plaines d’Oughazi dans la même commune qualifié jadis de « grenier de l’Europe » par l’administration coloniale. Malheureusement, ces terres fertiles sont à plus de 60% «mangées» par le béton à l’heure actuelle.
Dans la commune d’Ahnif, les résidents des sept villages de la tribu Imellahen en totalité incendiés par les forces coloniales entre 1957 et 1958 ont en majorité regagné leurs villages mais vivent dans une précarité totale et ne cessent de se plaindre d’un manque flagrant de moyens de développement. Notons enfin que l’unique opération de 50 logements ruraux groupés au niveau de la daïra de M’Chedallah est celle finalisée au lieu-dit Azrou Oukellal, dans la commune d’Ath Mansour, au profit des nomades venus de la wilaya de M’Sila.
Oulaid Soualah