Les effets spéciaux du Hirak

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Ali Boudjelil

Le récent conseil des ministres a vu M. Tebboune instruire les concernés pour que le cinéma algérien produise au moins 20 films par an. Car il sait que le génie est là, avec ou sans trucages. Pour faire un grand film, il faut, avant tout, un bon scénario, et puis de l’argent. Et puisque l’Algérie n’en manque point, pour avoir écrit de belles pages d’Histoire et réagi un 24 février de l’année 1971, il y a de bons scénarii et de bons billets. Il y a aussi de grands acteurs, à l’image de Athmane Ariouet qui, pour étendre ses ailes de géant, attend que la glu qui le retient soit à jamais interdite. L’artiste, c’est-à-dire aussi le cinéaste, ne peut se contenter d’être un simple interprète, il crée et imprime à son œuvre sa vision des choses. L’exemple de Zinet, que l’APC d’Alger a chargé de vanter la destination Algérie, est édifiant. De ce projet, il a fait un «Tahia Ya Didou». Un film époustouflant devenu culte, dans lequel, tout près de la plus belle rade de la Méditerranée, resplendissait Momo.

L’inspecteur Tahar (Hadj Abderrahmane), à qui on donnait un sandwich à Sidi Ferruch pour jouer ses Vacances, a reçu un cachet qui lui a juste permis de franchir à l’aise les portes d’un souk el fellah pour s’acheter des lentilles vendues avec un serre-joint de fabrication allemande. Et notre Président Tebboune n’ignore pas tout ça, lui qui, après avoir rendu un hommage appuyé aux travailleurs et au Hirak qui travaille pour une nouvelle République, vient de décider de faire aussi de l’artiste l’artisan de la nouvelle Algérie. Rappelons-le, l’Algérie reste le seul pays d’Afrique à avoir décroché la Palme d’or au festival de Cannes, et ce, grâce à Hamina du Vent des Aurès, et les cinéphiles savent aussi que Ahmed Rachedi, en 1970, a reçu des mains de Clint Eastwood l’oscar décerné à «Z» de Costa Gavras. L’âge d’or du cinéma algérien, qui n’oubliera jamais René Vautier, a certainement une place dans le cœur de nos gouvernants. Et bientôt, souhaitons-le en toute logique, Rouiched, Sid Ali Kouiret, Hassan El Hassani, et la liste est longue, continueront d’irradier les salles obscures.

A. B.

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