L’annonce de la grève a vite fait de raviver les réflexes de survie des consommateurs de la commune d’Aïn El Hammam. Habitués aux pénuries lors des hivers rigoureux, les habitants, en connaisseurs, savent quelles denrées stocker.
Les étals des aliments de base tels la semoule, le lait ou les légumes secs ont été «la cible» des clients des superettes, depuis déjà quelques jours. Samedi matin, jour de marché à l’ex-Michelet, les ventes de fruits et surtout de légumes verts ont dépassé les normes habituelles. Les marchands voyaient leurs caisses de carottes, de courgettes ou d’autres denrées se vider à vue d’œil.
Tous les légumes étaient demandés par crainte d’une rupture totale. «Je ne savais pas qu’une grève était annoncée, mais je me doutais que quelque chose se préparait en voyant le nombre de clients qui faisaient la chaîne devant mon étal. On ne demandait pas une livre, comme le faisaient certains auparavant. Aujourd’hui c’est par kilos, deux ou même trois que la courgette, la carotte et la pomme de terre étaient vendues», confie un marchand ambulant qui avait liquidé toute sa marchandise avant-midi.
À la périphérie de la ville, l’épicier qui venait de rentrer du marché de gros n’avait pas eu le temps de faire rentrer ses caisses au magasin. Pressé par les habitants de la cité, il avait vendu la plus grande partie de sa marchandise directement à partir de son véhicule. Une heure plus tard, il ne restait plus qu’une caisse de fèves et des fonds de cageots. L’information partagée dans l’après-midi par téléphone, concernant la rupture de la distribution de l’essence, a semé la panique parmi les automobilistes qui en étaient informés.
Même si ce n’était pas le grand rush, les stations d’essence ont été assaillies par des dizaines de véhicules, dès la fin de l’après-midi. «Cette situation ravive des souvenirs chez ceux qui avaient vécu la guerre de libération et les années de pénuries. «Les citoyens adoptaient le même comportement avant les grèves décrétées par les maquisards de l’époque», raconte un octogénaire qui avoue craindre l’inconnu : «On ne sait pas comment les choses vont évoluer, nous prions Dieu de nous assister dans ces moments incertains».
A. O. T.

