Les fonctionnaires en grève dès aujourd’hui

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Pour la deuxième journée consécutive, les fonctionnaires de la direction du commerce ont observé, hier, un arrêt de travail pour dénoncer les conditions “précaires et dangereuses” dans lesquelles ils effectuent leurs missions de contrôle de la qualité et des prix.

Arborant des pancartes devant la direction du commerce de la wilaya de Bouira, les fonctionnaires se disent «jetés en pâture» à la vindicte populaire lors de leurs sorties de contrôle sur le terrain. Pour Khelif Abderrazak, secrétaire général de la section syndicale de l’UGTA, il s’agit là de dénoncer catégoriquement la directive du ministère du Commerce N°340 du 09 avril 2019 concernant l’opération de contrôle et de suivi du marché pendant le mois de Ramadhan, et ce en raison de «l’absence de sécurité, notamment en cette période de révolte populaire.» «Après l’assemblée générale des syndicalistes tenue au niveau du siège du bureau national du syndicat à Alger, nous avions décidé de débrayer en respectant le préavis de grève que nous avons déposé au niveau du Ministère.

Une grève qui sera lancée le 8 mai 2019 (aujourd’hui, ndlr) et c’est pour cela que nous avons observé des arrêts de travail lundi et mardi», a indiqué M. Khelif. Pour notre interlocuteur, depuis plus de six mois, il y a eu des rencontres entre syndicalistes et ministère du Commerce pour négocier certaines revendications ayant trait aux conditions socioprofessionnelles des fonctionnaires de cette administration : «Et alors qu’on s’attendait à des mesures concrètes pour satisfaire nos revendications, on se retrouve avec un programme chargé et impossible à appliquer pour ce mois de Ramadhan.

C’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase car le ministère nous oblige à travailler jour, nuit et week-end et sans aucune sécurité. Nous sommes visés par les commerçants qui pensent que nous venons juste pour les pénaliser alors que nous ne faisons que garantir et protéger la santé du consommateur en respectant son pouvoir d’achat», ajoute-t-il. Le syndicaliste indique qu’avant le 22 février dernier, leurs missions s’effectuaient déjà dans des conditions dangereuses, mais, souligne-t-il, «depuis la révolte populaire à laquelle nous adhérons entièrement, il est impossible d’effectuer notre travail sans risque d’être exposé à des situations périlleuses car les commerçants rejettent systématiquement tout ce qui représente l’État et nous, fonctionnaires de la direction du commerce, sommes en première ligne.

Ce sont là des pressions morales supplémentaires que nous ne pouvons pas supporter. Il faut savoir que l’année dernière, au cours du mois de Ramadhan à Chorfa, deux de nos contrôleurs se sont fait agresser par un commerçant qui, lui, n’a nullement été inquiété. Idem à Ain Bessem, une inspectrice a été violentée au cours de sa mission. Pourtant, le ministre lui-même avait promis que nous pourrions assurer nos missions en compagnie des services de sécurité, police ou gendarmerie, mais rien n’a été entamé dans ce sens.

En cette période de Ramadhan où les esprits sont chauffés, le fait de se présenter devant un commerçant en exhibant notre carte professionnelle est un défi. C’est du moins ce qu’il ressent alors que nous n’avons jamais enfreint la loi ni dépassé nos prérogatives, nous ne faisons que veiller au bien-être du consommateur», assure M. Khelif. Pour ce dernier, il est nécessaire toutefois d’assurer un service minimum : «Toujours est-il que nous assurerons le service minimum pour le citoyen en respectant la réglementation en vigueur, car nous nous sommes entendus que c’est là une question de principe en cette période de Ramadhan pour effectuer des rondes dans les marchés de proximité où lors de sortie de commission où notre présence est nécessaire pour prévenir toutes intoxications ou autres maladies».

M. Khelif souligne, enfin, que lors de la réunion à Alger avec les syndicalistes, il a été déclaré à l’unanimité que «les fonctionnaires soutenaient déjà le Hirak et que nous l’accompagnerons. Il est de notre devoir, en tant que fonctionnaires de l’État, de lutter contre la corruption pour éliminer les têtes pratiquant ce genre de crimes économiques. Il n’est pas et il n’a jamais été question pour nous de surfer sur la vague de ce mouvement populaire pour exiger la satisfaction de nos revendications qui datent depuis plusieurs années. Notre mission est de veiller sur le respect des lois en garantissant la protection aux consommateurs», précise le syndicaliste.

Hafidh Bessaoudi

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