Les paysans en pleins préparatifs

Partager

En cette première semaine du mois d’octobre, les champs et les oliveraies ont repris leurs couleurs de saison. Au grand bonheur des paysans, les dernières averses ont, un tant soit peu, redonné vie aux oliviers agressés par la canicule durant tout l’été. En effet, les pluies abondantes, qui se sont abattues sur la région, ces derniers jours, sont arrivées à point nommé, d’autant plus que la canicule ayant sévi pendant des mois a failli compromettre la récolte de cette saison, laquelle s’annonçait prometteuse. A présent, l’automne est bien là avec sa palette chromatique, ses effluves et ses odeurs annonçant l’approche de la cueillette des olives.

Profitant de cette aubaine, les agriculteurs du versant sud de la Soummam, notamment d’Ath Waghlis, ont repris le chemin de leurs champs, qui n’attendent qu’à être bichonnés avant le coup d’envoi de la collecte du fruit noir. Profitant du soleil, élevé jusqu’au zénith, ils ont retrouvé leurs oliveraies avec enthousiasme. Sur place, différents travaux d’essartage et de nettoyage ont été effectués par leurs soins. Des préparatifs nécessaires pour faciliter le ramassage des olives au moment venu, mais aussi pour éviter l’altération de celles tombées par terre, entre temps. Munis des outils indispensables, entre râteau, sécateur, hache, ils se sont attelés à la tâche.

D’autre part, en plus de faciliter les travaux champêtres, les dernières pluies augurent une bonne récolte. «Comme on ne se souvient de nos oliviers qu’en automne et que nos champs sont devenus de véritables maquis, cette opération de nettoyage est devenue quasiment une obligation pour rendre la cueillette moins ardue», affirme un paysan qui regrette le bon vieux temps où les champs étaient travaillés à longueur d’année. Ainsi, dans beaucoup de localités d’Ath Waghlis, on fait revivre la terre. On essarte, on enlève les herbes folles et on procède au brûlage du bois et des broussailles. «L’entretien de ce verger passe inéluctablement par l’enrayement des mauvaises herbes, comme il est conseillé d’ameublir le sol à dessein de l’aérer.

L’épandage de fumier, l’élagage et le recouvrement des parties saillantes de racines par de la terre sont autant d’opérations qui peuvent améliorer le rendement de l’olivier», explique Dda Arezki, un sexagénaire de Chemini. Bien avant le début de la campagne, ce chef de famille prend des dispositions pour réunir les conditions nécessaires à sa réussite. Il nettoie et débroussaille ses oliviers afin de faciliter le ramassage des olives. Aussi, cela lui permet de savoir s’il y a beaucoup d’olives ou peu de telle sorte à évaluer les moyens à mettre en œuvre, le moment venu.

Outre l’entretien préalable des lieux, il procède à la vérification des moyens matériels disponibles et utilisables, lors de la cueillette des olives. Et en cas de manque, il prendra les dispositions nécessaires pour y parer. A noter que ces moyens sont simples et faciles à rassembler. Il s’agit surtout de gaules en bois, corbeilles ou bidons, filets ou bâches, sacs, scie, hache, corde, etc. Ces derniers aident beaucoup et permettent un travail rapide et sans grande difficulté. Au contraire, leur manque ou leur vétusté sont souvent la cause d’une grande perte de temps.

En ce qui concerne les propriétaires des huileries, une vingtaine dans la région, ils sont en plein nettoyage et c’est aussi le moment propice pour procéder aux nécessaires révisions du matériel et à l’achat de scourtins (Tichamtin, en kabyle) pour les huileries exigeant ce type de matériels. D’ailleurs, à partir de la fin septembre début octobre, certaines meules sont rafraîchies et les pressoirs revus, alors que les bassins sont nettoyés, javellisés et le tout briqueté afin qu’il soit prêt pour le jour J. Dehors, les espaces réservés dans la cour pour les olives que les clients ramènent au pressoir sont nettoyés et souvent cimentés, afin qu’ils puissent servir au moins toute la saison.

Ainsi, ces huileries de Kabylie semblent fin prêtes pour la saison oléicole qui s’annonce assez bonne. Il convient de rappeler que l’olivier constitue de loin l’arbre fétiche du Kabyle. Son origine se perd dans la nuit des temps et son histoire se confond avec des civilisations qui ont vu le jour autour du Bassin méditerranéen et ont pendant longtemps régi les destinées de l’humanité et marqué de leurs empreintes la culture occidentale. Essentiellement de type pluvial, la culture d’olives a sérieusement pâti des effets du climat, caractérisé par une disette hydrique prolongée et une hausse sensible des températures. Le facteur anthropique a fait le reste. «Il ne faut pas oublier que les incendies déciment chaque année une partie des vergers oléicoles. Ces derniers subissent également les contrecoups des mauvaises méthodes de récolte», a fait remarquer un exploitant du village Ayaten, relevant de la commune de Souk Oufella.

Bachir Djaider

Partager