C’est devenu une coutume. Chaque mois sacré, poubelles et bacs à ordures débordent de toutes sortes d’aliments. Ces scènes désolantes sont visibles à travers les communes de la daïra de M’chedallah et se répètent chaque année à l’occasion du mois de Ramadhan. Les chefs de famille et leurs épouses se partagent l’entière responsabilité dans cette situation. Lui achète sans retenue tous ce qui se retrouve dans son champ visuel et elle double sinon triple les rations, en diversifiant les plats, dont plus de la moitié finissent dans la poubelle.
Avec les grèves cycliques des communaux depuis le début du hirak, le volume des ordures, composées non pas de restes de nourriture mais de plats entiers, mais aussi de pains et autres brioches, augmente à vue d’œil. Pis, ces aliments, qui pourrissent rapidement sous l’effet de la chaleur, dégageant d’insupportables odeurs, qui enveloppent cités et quartiers, en plus d’attirer toutes sortes d’animaux. La plupart des villages étant étroitement ceinturés par des forêts vierges, ils se transforment en véritables zoo, notamment de nuit, avec l’arrivée des chacals, des sangliers et autres meutes de chiens errants qui ont enregistré une spectaculaire reproduction cette année.
D’ores et déjà, les habitations sont infestés par de nombreuses variétés d’insectes, entre fourmis, mouches et moustiques, lesquelles sont attirées, elles aussi, par les odeurs que dégagent les poubelles. Les aliments, acquis parfois à crédit par les chefs de famille issus de milieux défavorisés, finissent en partie dans les poubelles. Ni les imams, qui disposent pourtant de tribunes pour s’adresser aux milliers de fidèles, ni le mouvement associatif, lequel se dit représenter la société civile, n’ont jugé utile de sensibiliser les citoyens sur cet intolérable gaspillage ayant des répercutions négatives sur l’équilibre budgétaire des familles mais aussi sur la santé publique. Les pouvoirs publics sont aussi aux abonnés absents sachant qu’aucune campagne de sensibilisation n’est entreprise pour limiter les dégâts.
Oulaid Soualah

