Bien que peu disponibles chez tous les marchands ambulants du marché bihebdomadaire d’Aïn El hammam, les haricots verts ont atteint des seuils inimaginables. Même les personnes réputées aisées ne se laissent pas berner par un tel prix. «Il est difficile de débourser 280 dinars pour un petit kilo de ce légume qui nécessite de la viande et qui ne vous donnera, en fin de compte, qu’un repas», fait remarquer un client sidéré de s’entendre répondre laconiquement par le vendeur «qu’au marché de gros, ils (haricots) ont été cédés à plus de 300 dinars, il y a quelques jours.» Comme pour dire que son affichette est des plus concurrentielles.
Les petits pois, un autre produit très cher, toujours affichés à 150 dinars, répugnent les consommateurs qui se rabattent sur des légumes moins chers. «Écossé, un kilo vous donne moins d’une livre. Je préfère, dans ce cas, acheter des petits pois congelés», convient un septuagénaire, retraité de son état. La pomme de terre, déjà chère avant le Ramadhan, semble s’installer définitivement à cinquante dinars et plus quelle que soit la saison. Les consommateurs boudent le produit déstocké des frigos, «sans saveur et tachetée» disent-ils. «Je préfère un kilo du tubercule de bonne qualité que deux kilos de l’autre produit dont la moitié est immangeable», explique un client.
La tomate à 120 dinars et les poivrons à 100 dinars restent toujours chers, bien qu’ils aient enregistré une relative baisse, comparativement à la semaine dernière. Seules la carotte et la courgette ont vu leur prix significativement baisser, s’affichant à 60 et à 80 dinars alors qu’il y a quelques jours, elles étaient cédées à 100 et 120 dinars. Les habitants qui n’ont d’autre choix que de s’approvisionner localement accusent les marchands ambulants de vendre leurs produits plus chers que dans d’autres régions.
Ceux qui ont la chance de posséder des véhicules disent qu’ils se rendent à Draa Ben Khedda ou dans d’autres contrées pour faire leurs emplettes. «En plus de réaliser des économies substantielles, j’achète des produits frais et calibrés et sans qu’on ne m’impose des articles altérés», confiera un père de famille. Les retraités qui n’en finissent pas de faire le tour des étals à la recherche des prix abordables ne décollèrent pas en faisant référence aux récentes augmentations des pensions de retraites, qui «ne remplissent pas le couffin, ne serait-ce qu’une seule fois». Fait remarquable, durant les deux derniers jours de marché, la foule inextricable qui envahit d’habitude l’aire du marché d’Aïn El Hammam était clairsemée.
La plupart des clients n’en reviennent qu’avec de petits sachets, contrairement à ce qu’on pourrait penser. On n’achète pas par kilo. Certains prennent quelques courgettes ou quelques carottes, seulement. Si certains se sont préparés à cette hausse des prix depuis déjà plusieurs jours, en stockant certains articles, d’autres, en connaisseurs, disent que cette flambée s’estompera au bout d’une semaine. «C’est la même chose au début de chaque Ramadhan. Les prix commenceront à dégringoler, faute d’acheteurs, dans quelques jours.»
A. O. T.

