L’Achoura, cette fête religieuse survenant au dixième jour du mois hégirien de Moharrem est célébrée chaque année dans la pure tradition, au niveau de la daïra de Béni Douala. Durant les deux jours de cette fête religieuse, des marées humaines ont convergé des quatre coins de la wilaya ainsi que d’autres wilayas vers les Saints de la région. La destination préférée des «pèlerins» est assurément celle du mausolée d’Akal Abarkane qui est l’endroit le plus visité dans cette journée sans pour autant oublier le mausolée de Sidi el Hadj au niveau du village Aït El-Hadj dans la commune d’Aït Mahmoud qui reçoit beaucoup de visiteurs venus célébrer cet événement.
«C’est la journée où l’on se souvient des absents, des morts, des disparus, nous nous recueillons devant leurs tombes, nous célébrons cette fête dans les mausolées, nous convoquons les plus vieux souvenirs pour en tirer gloire et nous en alimenter, nous ravivons les anciens réflexes de solidarité pour prendre en charge les pauvres et les démunis», dit un sage du village Ait Bouyahia rencontré sur place. Cette fête est souvent préparée une semaine à l’avance par le village Ait Bouyahia et Ait El Hadj qui sont responsables des deux mausolées. Une occasion qui a rassemblé des dizaines de citoyens dans un seul endroit pour partager la waada.
À Akhal Abarkane, l’accès au mausolée n’est accessible qu’après avoir fait la chaîne, vu le grand nombre de personnes présentes sur place. Ils sont venus par bus, fourgons et véhicules personnels de toutes les régions, ce qui a obligé les services de police à réguler la circulation depuis la matinée. À l’intérieur du site, l’endroit est vaste et donne envie de visiter chaque coin, chose qui est rendue facile par les organisateurs et bénévoles qui sont là à l’accueil avec des bougies et des morceaux de sucre servis par des petites filles toutes charmantes dans leur robe kabyle. Juste à côté de l’accès principal, des sages du village récitaient les bénédictions pour les personnes qui donnaient leurs offrandes. Des chants religieux se faisaient entendre par les voix douces des femmes.
Un déjeuner est offert à midi par les habitants de la région servis sur place. Il faut aussi signaler que les villages organisateurs reçoivent chaque année des denrées alimentaires ainsi que des moutons afin de préparer l’waada traditionnelle pour les visiteurs et cela par des bienfaiteurs qui préfèrent souvent rester dans l’anonymat. Peu après, des visiteurs prennent le chemin de la commune Aït Mahmoud à pied pour la destination de Taourirt Moussa afin de «clore cette journée en se recueillant sur la tombe de Matoub Lounès», affirme un jeune étudiant qui ajoute : «Taourirt Moussa est toujours dans le programme de ma journée chaque année. Je ne peux pas rentrer dans la région de Béni Douala sans rendre visite à la tombe de Lounès.». D’autres prennent la direction du village Ait El Hadj dans la même commune afin de compléter leur rituel dans le mausolée de Sidi L’hadj qui reçoit lui aussi des marées humaines chaque année.
Lyes Mechouek

