La veille du Ramadhan, l’ambiance dans la ville de Béjaïa était bien particulière. Les habitants, comme s’ils s’attendaient à une guerre imminente ou à un boycott concernant les produits alimentaires pour plusieurs mois, ont littéralement envahi les supérettes. Les chaînes, contrairement aux jours précédents, sont subitement devenues interminables devant les caisses affolant du coup les lecteurs des codes-barres des produits à payer.
Souvent, les femmes, surtout quand elles vont de rayon en rayon, dans les chariots qu’elles poussent, elles entassent des produits comme les détergents, les sachets de farine, les bidons d’huile, les boites de conserve de tomate, les paquets de café et les paquets de sucre, comme si leurs familles ne se nourrissaient que pendant le mois de Ramadhan, la plupart d’elles ne pensent pas aux prix, ce n’est qu’une fois arrivées à la caisse qu’elles se rendent compte de leur folie.
Dans certaines supérettes, il règne un désordre tel que des clients venus y faire leurs provisions pour le Ramadan rebroussent chemin pour se diriger vers les épiciers de quartier où il n’y a que très peu de monde pendant que d’autres remettent leurs achats à plus tard. L’autre aspect qui caractérise la veille du Ramadhan à Bejaia, c’est la circulation automobile. Tout le monde se demande d’où sont sorties toutes ces voitures.
Vers 15 heures, qui n’est pourtant pas encore l’heure où sortent les travailleurs des bureaux et des usines, pratiquement toutes les rues de la ville sont remplies de voitures et pare-chocs contre pare-chocs. Pour avoir une idée de la densité de circulation, imaginez-vous au volant d’une voiture et que vous mettiez près d’une heure pour 800 mètres sur le boulevard Krim Belkacem, soit du carrefour d’Ammriou à celui de l’EDIMCO. Le même encombrement se rencontre aussi sur le boulevard des Aurès et de l’ALN et il faut avoir des nerfs d’acier pour faire le rond-point de Daouadji pour aller à Sidi-Ahmed.
Et pour que l’ambiance d’avant Ramadhan soit au comble, les bus et les abribus débordent de monde. Comme s’il y avait quelque chose de particulier à voir et ou à faire en cette veille du Ramadhan, les trottoirs sont remplis de piétons. Les femmes s’arrêtent et encombrent chaque magasin d’électroménager. Elles se font un principe d’acheter qui des bols à chorba qui des ramequins à flan pour bien accueillir le Ramadan.
B. Mouhoub