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Tertullien, Saint-Augustin et l’histoire des lettres latines au Maghreb : Un héritage d’humanisme et d’ouverture culturelle

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Les pays de l’Afrique du Nord ont subi différentes influences culturelles issues des invasions successives ou des relations économiques et commerciales. Ainsi, dans l’Antiquité aussi bien avant qu’après la naissance du Christ, une élite numide cultivée en latin a apporté sa touche dans la vision du monde méditerranéen de l’époque, dans la conception esthétique de l’écrit littéraire et dans la compréhension des échanges culturels et humains entre les communautés et les populations de ce vieil espace de civilisation. En tout cas, pour ce qui est spécifiquement lié à la culture latine dans les anciens pays maghrébins, l’influence ne s’était pas limitée à l’écriture littéraire.

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Par Amar Naït Messaoud:

Elle est allée jusqu’à s’imposer dans les palais des rois, la diplomatie, les services consulaires et le commerce. Cependant, la véritable création littéraire a connu une fortune exceptionnelle avec les écrivains maghrébins chrétiens ayant exercé l’art des lettres avant le grand schisme de la chrétienté. La dualité culturelle (Afrique/ monde latin) qui caractérise ces écrits donne une idée sur la pleine mesure de l’ouverture de l’élite culturelle de l’époque sur le monde qui l’entourait. En se réclamant de l’héritage syncrétique de ces hommes, ainsi que d’Ibn Khaldoun, Cheikh Mohand Oulhocine et Si Moh U M’Hand, Mouloud Mammeri prolonge les échos des ‘’Métamorphoses’’ d’Apulée et les clameurs du ‘’Manteau’’ de Tertullien.

Tertullien : un précurseur

Deux siècles avant la naissance d’un des plus célèbres pères de l’Église chrétienne d’origine numide, à savoir Saint-Augustin, cette partie de l’Afrique du Nord donna naissance à une des figures les plus emblématiques de la chrétienté et des lettres latines. Tertullien, de son vrai nom romain Quintus Septimius Florens Tertullianus, est né en 145 de l’ère chrétienne à Carthage et mourut en l’an 220 ou 222 selon certaines versions. Les historiens et hommes de lettres modernes reconnaissent en lui un des plus grands génies littéraires en donnant au latin ses lettres de noblesse, et, sur le plan philosophique, un ardent défenseur de la conciliation entre la foi et l’héritage païen. Sur le plan politique, ce mystique chrétien s’avérera un farouche adversaire de l’impérialisme romain et travaillera toute sa vie pour garder son esprit d’indépendance.

Ayant hérité d’une forte tradition païenne, il ne se convertira au christianisme qu’à l’âge adulte (plus de quarante ans). Ses 31 traités forment le premier monument des lettres latines chrétiennes. Il s’en était occupé pendant un quart de siècle (de 197 jusqu’à sa mort) dans les moments les plus tendus, et parfois sanglants, de l’Empire. Fils d’un des centurions de Carthage, chefs militaires romains en activité sur l’ensemble de l’Afrique du Nord (Numidie et Carthage), Tertullien se sentira proche des siens, c’est-à-dire des populations autochtones soumises à la domination romaine. De tempérament combatif, violent et volontiers polémiste, il est considéré comme le premier prosateur de d’art du christianisme latin. Avec son triptyque : Aux Martyrs, Aux Païens et Apologétique, il ouvre avec éclat le débat du christianisme et du paganisme en langue latine. Ce genre d’écriture était auparavant l’apanage de la Grèce. « Le genre apologétique recourait aussi à toutes les ressources de la dialectique et de la philosophie, surtout stoïcienne, pour défendre le christianisme contre d’injustes attaques, et de présenter de la manière la plus les vérités de la foi chrétienne (…) Mais, ce plaideur africain adapte aussi le genre à la culture et à la sensibilité latine des magistrats auxquels il s’adresse. Animé par la passion oratoire, de la rétorsion, il inonde l’adversaire du vinaigre italique, de la satire, du comique, de l’invective. Esprit réaliste, il déplace l’accent des idées sur les faits. Témoignage d’une expérience vécue, appel à l’argumentation historique, démenti des faits à un droit incertain : le témoignage chrétien de l’Apologétique retrouve toute l’importance que Cicéron accordait à l’histoire, au droit, aux testimonia dans la démonstration oratoire », écrit Jacques Fontaine dans son ouvrage ‘’La Littérature latine chrétienne » (Presses universitaires d France, 1970).

Dans son traité intitulé De l’Âme, Tertullien se mettra à la recherche d’une position pure et indépendante face aux philosophes. C’est une réflexion philosophique et théologique sur l’homme. Il considérera, de ce fait, Platon comme son plus grand adversaire parce qu’il est ‘’le fournisseur des hérétiques’’. Au travers des textes sacrés des Écritures, et dans un esprit polémiste invétéré il put poser des questions qui se révéleront d’une grande modernité par rapport à son temps. Tertullien ne sera indifférent à aucune doctrine ou obédience de son époque ou des époques qui l’on précédé. « Mais, au-delà de l’expression, il est possible de retrouver une pensée plus souple, plus nuancée, plus cohérente et, sans doute, plus inquiète », souligne Jean-Claude Fredouille dans ‘’Encylopédia Universlis’’ (2005).

Avec son œuvre De Pallio (Le Manteau), Tertullien sera considéré comme ayant pris ses distances avec l’Église. Ayant déjà adopté le montanisme (doctrine professée par Montanus en Phrygie), il va jusqu’à fonder ‘’une secte dans la secte : les tertullianistes’’. Le montanisme survivra jusqu’au 6e siècle grâce à soutien que lui apporta Tertullien.

« Le style oratoire de Tertullien s’apparente à celui d’Apulée par son vocabulaire recherché et intensif, son appel à la langue familière, sa préférence pour la phrase courte, brisée ou rallongée, son énoncé heurté (…) Son éclat métallique, ses effets de clair-obscur et de raccourci, son allure volontiers spasmodique esquissent une forme mouvante, parfaitement adaptée à une œuvre qui prétend toujours être un combat pour Dieu », dira de lui Jacques Fontaine. Dans les discours et écrits de Tertullien, ‘’il y a presque autant d’idées que de mots’’, selon l’appréciation de Vincent de Lérins venue deux siècle après la mort de l’auteur du Manteau.

Ayant exercé l’art de la rhétorique de façon remarquable, il sera considéré d’abord homme de lettres avant de voir en lui le théologien. Par ses positions en faveur des populations autochtones tenues sous le joug des occupants, Tertullien se fera remarquer par les défenseurs de l’Empire.

Avec Apulée, Saint-Cyprien et Saint-Augustin, Tertullien constitue le ‘’génie africain’’, selon l’expression de Jean Amrouche, génie plongé dans la latinité culturelle et travaillé par l’angoisse de la vérité et de la félicité dans l’univers philosophique et religieux de son temps. Aux deux domaines, les lettres et la religion, il aura apporté une précieuse contribution qu’ont eu à apprécier ses contemporains et les chercheurs modernes.

Extrait de De Pallio (Le Manteau) de Tertullien

« C’est de tous temps que vous avez été les maîtres de l’Afrique. L’empire que vous y avez tenu, et qui a eu la même étendue que cette vaste et admirable partie de la terre, est de tant de siècles, qu’à peine en sait-on le commencement ! Votre nom et votre puissance sont du même âge ; on n’a pas plutôt connu l’un qu’on a redouté l’autre. Il faut que les autres nations vous cèdent en ce point-là et que les plus puissantes reconnaissent que si un peuple est illustre à proportion qu’il est ancien, il n’en a point qui le soit plus que les Carthaginois.

Le présent ne contribue pas moins à votre félicité que le passé a contribué à votre noblesse. Il semblait que Carthage, après de si grandes ruines, ne dût être désormais qu’une triste et affreuse solitude ; et néanmoins le vainqueur qui l’avait détruite l’a rebâtie, les Romains qui l’avaient rendue déserte l’ont repeuplée, et ont laissé à Carthage son nom ; ce ne sont pas tant les Carthaginois qui sont devenus Romains, que les Romains qui sont devenus Carthaginois. Je confesse que ces favorables retours à la fortune me touchent beaucoup, autrement je ne serais pas Carthaginois ; mais ce qui excite encore en mon cœur de plus grandes émotions de joie est la prospérité dont vous jouissez aujourd’hui ; elle est si grande que vous n’êtes plus en peine que de chercher des divertissements ».

Saint-Augustin : la foi et la raison dans la balance

L’histoire récente de notre pays nous enseigne que des personnalités littéraires ou historiques algériennes ou qui font partie intégrante de l’histoire d’Algérie ont été tour à tour, escamotées, niées ou marginalisées quand elles dérangent le mythe de l’unicité de la pensée, exaltées et adulées- momentanément- lorsqu’elles peuvent servir des desseins interlopes, par exemple des alibis pour que la sphère intellectuelle du pouvoir se prévale de l’esprit de modernité et de tolérance. Parmi ces personnalités, Saint-Augustin et Frantz Fanon constituent deux cas typiques d’images tantôt repoussées, tantôt choyées, en tous cas que l’on n’arrive pas à installer dans la sérénité et la durée. Des colloques importants ont été consacrés à ces deux hommes de l’Algérie plurielle, deux personnalités séparées par seize siècles d’histoire.

L’on se rappelle une caricature d’Ali Dilem publiée au début des années 2 000 à l’occasion d’un colloque consacré à Saint-Augustin sous le patronage du président Bouteflika. Pour mettre en relief la consonance peu familière du nom du personnage, le caricaturiste fera dire à un citoyen qui suit à la télévision cet événement et qui pose la question à son ami : « Ce Saint-Augustin est-il un musulman » ? L’autre lui répond : « Non, c’est un Saint ! ». Cette gouaille vaut son pesant de vérité quant au divorce consommé entre le peuple et la connaissance de son histoire, phénomène qui a élu domicile d’abord au sein de l’école algérienne, l’institution théoriquement la plus qualifiée pour travailler à l’intégration nationale et à la formation de la citoyenneté moderne. Aucun programme de collège ou de lycée n’enseigne ‘’Le Traité du manteau’’ de Tertulien, ‘’L’Âne d’or’’ d’Apulée, ‘’La Cité de Dieu’’ de Saint-Augustin, ni même ‘’Secrète Étoile’’ de Jean Amrouche ou ‘’Leila, jeune fille d’Algérie’’ de Djamila Debèche. Bien avant l’activité politique, le pluralisme et la tolérance est une culture qui doit prendre racine à l’école et dans l’ensemble de nos institutions culturelles.

Saint-Augustin (354-430) représente un pan important de l’histoire d’Algérie, une Algérie numide dominée par l’Empire romain et qui embrassa la nouvelle religion monothéiste révélée dans la lointaine Palestine. Il est né à Thagaste (actuel Souk Ahras) le 13 novembre 354 de l’ère chrétienne. Sa mère, Sainte Monique (331-387), était élevée dans la religion chrétienne à Souk Ahras et son père était païen. Saint-Augustin découvrit la philosophie en lisant L’Hortensius de Cicéron. Il enseigna la rhétorique à Carthage en 378, fut professeur à Rome puis à Milan où il se convertit au christianisme et reçut son baptême par Ambroise. Revenu en Afrique après un nouveau séjour à Rome, puis ordonné prêtre, il devient évêque d’Hippone (Annaba) en 395, année de la dislocation de l’Empire romain survenue après la mort de l’impératrice Théodose. Pendant ces trente-cinq années d’épiscopat, Saint-Augustin se consacrait à la diffusion de la nouvelle foi, aux œuvres pieuses et à la réflexion philosophique qui joint les valeurs de la foi à l’empire de la raison. Il mourut le 28 août 430 à Annaba, ville assiégée alors par les Vandales.

« Rarement civilisation eut la chance de trouver à son terme un esprit assez puissant pour en épouser les valeurs, avec toute la générosité du cœur et de l’âme, mais aussi pour la juger et la dépasser, en inventant les idées et les formes dont se nourrirait sa descendance. C’est dans cette intimité et cette distance, dans cette adhésion cordiale et ce détachement souverain, dans cette dialectique de l’âme entre les attachements du cœur et le jugement de l’esprit que réside une sorte de respiration essentielle au génie augustinien », écrit Jacques Fontaine dans son ouvrage ‘’La Littérature latine chrétienne’’ (Éditions PUF, 1970).

Le rôle de Saint-Augustin dans l’histoire de la philosophie a été déterminant même s’il a été très controversé. Gérard Legrand écrit dans son ‘’Vocabulaire de la philosophie’’ (Bordas, 1986) : « Sa théorie de la prédestination limitée donnera naissance au jansénisme, sa vision de l’agapê (l’amour chrétien), résumée dans la formule ‘’Aime, et fais ce que tu veux’’, a favorisé la transposition du platonisme dans l’Occident médiéval. Son livre, ‘’La Cité de Dieu’’, oppose à la Rome païenne que vient saccager Alaric (420) une utopie qui aura des imitateurs. La pensée médiévale durcira l’opposition qu’Augustin établit entre la ‘’cité terrestre’’ et la ‘’cité céleste’’, l’importance de l’œuvre tenant davantage à l’idée d’une possible réflexion sur le temps (l’Histoire) comme domaine où il s’agit de chercher l’ ’’éternel’’ (la volonté de Dieu, domaine ordonné plutôt par un ‘’point de départ’’ (l’Incarnation) que par un ‘’point de fuite’’ (l’eschatologie) ». Le même auteur souligne que le livre de Saint-Augustin, ‘’Les Confessions’’, est un chef-d’œuvre de la littérature introspective, de même que ses ‘’Rétractions’’, où il examine ses propres livres au soir de sa vie, font de lui un précurseur à la fois de Descartes, de Rousseau et de l’existentialisme. « Si je me trompe, c’est que j’existe », affirmait Augustin.

‘’Les Confessions’’ est un ouvrage autobiographique plein de sincérité et de lucidité auréolé de la mystique des Saintes Écritures. Le récit commence dès sa naissance à Souk Ahras le 13 novembre 354 et va jusqu’à son ‘’extase’’ d’Ostie en 387 et la mort de sa mère Monique la même année. En tant que genre littéraire, le finira par faire école et influencera des écrivains et philosophes aux horizons divers (Pascal, Charles Péguy, Jean Paul Sartre,…).

Saint-Augustin a beaucoup écrit aussi bien avant qu’après son accès à l’épiscopat : lettres, correspondances, livres,…Outre les ‘’Confessions’’, sa notoriété sera aussi établie par ‘’De civitale Dei’’ (‘’La Cité de dieu’’) rédigé entre les années 415 et 427. La recherche de la vérité de l’absolu, constitue la cœur battant de l’ouvrage dans lequel il oppose la ‘’cité terrestre, où l’amour de soi pousse jusqu’au mépris de Dieu, et la ‘’cité céleste’’, où l’amour de Dieu pousse jusqu’au mépris de soi.

Saint-Augustin fait indéniablement partie de l’épopée de l’histoire algérienne qui a eu à vivre toutes les aventures humaines et tous les mouvements d’idées que lui a imposée sa position géographique dans le bassin méditerranéen gagné dès la haute Antiquité par la diversité des civilisations et la multiplicité des mythes fondateurs et la communauté de destin.

Mouloud Mammeri concluait un de ses prestigieux entretiens (avec Tahar Djaout, 1987) en disant : « Je suis né dans un canton écarté de la montagne, d’une vieille race qui, depuis des millénaires, n’a pas cessé d’être là avec les uns, avec les autres,…qui, sous le soleil ou la neige, à travers les sables garamantes ou les vieilles cités du Tell, a déroulé sa saga, ses épreuves et ses fastes, qui a contribué dans l’histoire de diverses façons à rendre plus humaine le vie des hommes.

Les tenants d’un chauvinisme souffreteux peuvent aller déplorant la trop grande ouverture de l’éventail : Hannibal a conçu sa stratégie en punique ; c’est en latin qu’Augustin a dit la cité de Dieu, en arabe qu’Ibn Khaldoun a exposé les lois des révolutions des hommes. Personnellement, il me plaît de constater dès les débuts de l’histoire cette ample faculté d’accueil. Car, il se peut que les ghettos sécurisent, mais qu’ils stérilisent c’est sûr ».

Extrait de ‘’La Cité de Dieu’’ de Saint-Augustin

« Quelle raison, quelle sagesse y a-t il à vouloir se glorifier de l’étendue et de la grandeur de l’Empire romain, alors que l’on ne peut démontrer que les hommes soient heureux en vivant dans les horreurs de la guerre, en versant le sang de leurs concitoyens ou celui des ennemis, sang humain toujours, et sous le coup de sombres terreurs et de sauvages passions ? Ce bonheur-là d’un éclat fragile comme le verre, on craint avec horreur de le voir se briser demain !

Pour en juger plus aisément, gardons-nous de nous laisser jouer par une vraie jactance ; ne laissons pas la pointe de notre esprit au choc des mots sonores : peuples, royaumes, provinces. Imaginons seulement deux hommes (car il en est de chaque que homme comme d’une lettre dans une phrase : il constitue pour ainsi dire un élément de la cité et du royaume, si vaste qu’en soit le territoire). De ces deux hommes, supposons l’un pauvre ou plutôt de condition moyenne et l’autre extrêmement riche. Le riche est rongé de craintes, dévoré de soucis, brûlant de cupidité jamais tranquille, toujours inquiet, tenu constamment en haleine par de perpétuels conflits avec ses ennemis ; donnant certes à son patrimoine au pris de ses misères un immense accroissement, mais accroissant aussi par là ses plus amers soucis. L’homme de condition moyenne, au contraire, se contente de son patrimoine modeste et réduit ; il est chéri des siens, jouit avec ses parents, ses voisins, ses amis, de la paix la plus douce ; il a une piété fervente, un esprit bienveillant, un corps sain, des moeurs chastes, une conscience sereine. A qui des deux doit aller la préférence ? Je ne sais qui serait assez fou pour en douter. Or, il en va de deux familles, de deux peuples comme de ces deux individus ; ils sont soumis à la même règle d’équité (…)

Le peuple est une réunion d’êtres raisonnables associés pour participer dans la concorde aux biens qu’ils aiment ; il faut donc, pour connaître la valeur de chaque peuple, considérer l’objet de son amour. Quel que soit cet objet pourtant, si c’est une réunion non d’animaux mais de créatures raisonnables, associées pour participer en paix aux biens qu’elle aiment, cette réunion peut légitimement s’appeler un peuple : peuple d’ailleurs d’autant meilleur qu’il est d’accord sur des choses meilleures ; d’autant plus mauvais qu’il s’entend sur des choses mauvaises ».

A.N.M.

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