Pour le troisième vendredi consécutif, Tizi-Ouzou a vibré au rythme de centaines de milliers de femmes et d’hommes qui ont défilé pacifiquement à travers ses artères pour faire valoir leurs revendications. La mobilisation ne faiblit pas, bien au contraire, elle a pris une proportion spectaculaire, avec une participation massive des femmes qui ont répondu à l’appel lancé à l’occasion de la Journée internationale des droits de femmes.
Hier, à Tizi-Ouzou, non seulement elles étaient présentes aux côtés des hommes, mais elles ont pris l’initiative de mener plusieurs carrés de marcheurs. La grandiose marche s’est ébranlée du portail de Hasnaoua vers midi, comme c’est la tradition depuis le début de la mobilisation. L’itinéraire traditionnel a été emprunté, à savoir la grande rue jusqu’à la place de l’olivier.
Les gens rejoignaient la procession qui grossissait au fur et à mesure. Tout au long du trajet, l’emblème national et le drapeau amazigh ont été arborés, en plus de pancartes, affiches et banderoles. On pouvait y lire «Non au 5e mandat», «Le peuple s’engage, système dégage», «Une seule voix celle du peuple» ou encore «Pour une Algérie meilleure et une démocratie majeure», «Ni régime militaire ni régime oligarque», «Système dégage, assemblée constituante souveraine»,…
Les manifestants, des hommes, des femmes et même des enfants, ont par ailleurs alterné slogans hostiles au pouvoir et à plusieurs personnalités politiques, chants patriotiques et des chansons de Matoub Lounes. D’une seule voix, pacifiquement, les manifestants réclamaient «Une Algérie meilleure». Faisant allusion aux tristes événements qu’a connus la Kabylie en 2001, plusieurs jeunes portaient des pancartes sur lesquelles on pouvait lire «On ne veut pas mourir pour l’Algérie, on veut vivre pour l’Algérie».
Un message fort qui sonne comme un avertissement pour chaque personne ou partie qui tenterait de détourner la marche et la mobilisation de son caractère «pacifique». Les femmes de leurs côtés, en plus des messages en commun avec la gente masculine, ont fait passer leurs propre messages tels «Je marche pour ma dignité» ou encore «Les femmes pour le changement du système».
À souligner que les manifestants ont observé un sit-in «symbolique» face au siège de la sûreté nationale où ils ont d’une seule voix scandé «El Djaich El Chaab Khawa Khawa». Une émotion se lisait sur les visages des manifestants et des policiers qui observaient de loin. D’ailleurs, en termes de mobilisation des forces de l’ordre, comme ce fut le cas pour les marches précédentes, aucun dispositif spécial n’a été déployé hier.
Kamela Haddoum.

