«Mustapha Ourad était d'une grande gentillesse»

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Suite au carnage qui a eu lieu, mercredi dernier, au niveau du siège du l’hebdomadaire français Charlie-Hebdo, situé au cœur de la capitale française Paris, où 12 personnes dont deux Algériens ont été tués, nous avons approché le caricaturiste, Ghilas Aïnouche, exerçant au journal électronique TSA, qui contribue également avec Charlie Hebdo depuis août 2014.

Le caricaturiste a accepté de répondre à nos questions et de témoigner de l’équipe de la rédaction de Charlie-Hebdo, notamment de son collègue le plus proche, l’Algérien Mustapha Ourad, assassiné lui aussi, qui exerçait en tant que correcteur au sein dudit journal.

Quelle a été votre réaction lorsque vous avez appris la nouvelle ?

Mon père m’a appelé au téléphone et m’a informé qu’il y avait une fusillade au niveau du siège de Charlie-Herbo. Je ne savais pas qu’il y avait des morts. Cependant, j’étais effondré au moment où j’ai visionné les vidéos partagées sur les réseaux sociaux et quand j’ai su que tous mes camarades avec lesquels je partageais le bureau étaient presque tous descendus. C’était vraiment un choc pour moi. Je ne pouvais, en ce moment là ni dessiner ni même prendre un stylo pour exprimer ma colère et ma tristesse.

Quels souvenirs gardez-vous de l’équipe de rédaction de Charlie-Hebdo ?

Je garde de très beaux souvenirs avec tous les éléments de l’équipe de Charlie-Hebdo, notamment avec Charb, son directeur qui était d’une simplicité incroyable. Je me souviens que j’étais parti au siège de Charlie Hebdo au mois de ramadan. En me voyant entrer dans le bureau, les membres de l’équipe de rédaction ont recelé les gâteaux qu’ils avaient sur la table, et ce, par respect comme ils savaient tous que je venais d’arriver d’Algérie et que la plupart des Algériens sont des musulmans et pratiquent le carême. C’était un geste de tolérance et d’acceptation d’autrui qui m’a montré que les caricaturistes de cet hebdomadaire respectent tout le monde et ne sont guère islamophobes comme le pensent beaucoup de personnes. D’ailleurs ils ne critiquent pas uniquement la religion musulmane, mais plutôt même les chrétiens, les juifs et tout le monde presque. Sinon, à quoi sert un dessin satirique s’il n’y a pas d’humour ou de la critique dedans !

Comment êtes-vous rentré en contact avec Mustapha ? Pouvez-vous nous parler de sa personne? 

Mustapha était un très grand intellectuel. Quand je l’ai rencontré au début, je ne savais pas que c’était un Kabyle ni même pas un Algérien. Quelques jours après, on était devenus de très bons amis. Il était une personne cultivée et d’une grande gentillesse. Quand on était ensemble, il ne cessait de me poser des questions pour avoir des nouvelles de l’Algérie et de la Kabylie.

Un dernier mot pour conclure. 

Ceux qui ont commis ce crime ne sont ni Français ni Algériens et ne sont même pas des êtres humains. Ils ne représentent ni l’Islam ni les musulmans et n’appartiennent même pas à la race humaine. Ce sont tout simplement des terroristes. Nous n’allons pas baisser les bras. Le combat pour la liberté de la presse et d’expression continue. 

Entretien réalisé par Hafid Nait Slimane

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